Agro-industrie au Cameroun : des financements pour rien ?
Au regard des importations de près de 800 milliards pour nourrir les Camerounais dont on sait que l’agriculture et l’élevage constituent les principales sources de revenus paraît surprenant. La mise en œuvre du Document de Stratégie de Croissance et d’Emploi avait déjà permis de financer l’agropole de viande porcine de Kribi, de Bafoussam, de Yaoundé et ses environs ; l’agropole d’ananas d’Awae, de poisson de Yabassi, de soja de Mokolo, de poisson de Bankim, de production de maïs de Karewa, de Poli (Ouro-Dole et Sirdjam), de Nkoteng et Lembe-Yezoum, de Mbandjock, etc…Mais, pour relever le défi alimentaire, le plan national de développement 2030 table sur 1455 milliards à emprunter pour développer l’agro-Industrie. Cela vaut-il la peine lorsqu’on comptabilise les échecs des initiatives d’agropoles et d’usines au Cameroun ? Voici quelques exemples de projets dans l’agro-industrie déjà financés sans retombées palpables :
Agropole riz de Galim 2013, projet d’1,2 milliards de FCFA assorti d’usine de riz. Pas l’ombre d’une usine jusqu’à ce jour.
Agropole ananas Nlowe dans le Mungo, 1,9 milliards assorti d’une usine de transformation d’ananas ; aucune usine de la sorte ne fonctionne.
Usine de Poulet Bomono, en 2012. Cette usine n’existe plus bien que le gouvernement ait décaissé un milliard à cet effet.
Usine poulet Bafang, de l’ordre 500 millions de FCFA créé par le gouvernement a fermé après trois semaines de fonctionnement.
Usine de manioc de Sangmelima (une ville qui produit peu de manioc) ; le projet qui a coûté à l’Etat du Cameroun plus de 2,5 milliards de FCFA est abandonné dans la broussaille.
Usine des tracteurs d’Ebolowa avait coûté 16 milliards de FCFA , les images des tracteurs abandonnés dans la broussaille circulent sur internet jusqu’à ce jour.
Usine de découpe des pommes de terre de Babadjou, pas l’ombre d’une usine, les promoteurs roulent en 4X4. Le contribuable camerounais y a pourtant injecté un milliard huit cent millions de francs CFA.
Usine de mangues de N’Gaoundéré, plus d’un milliard débloqué mais tout le monde attend de voir se concrétiser le projet.
Agropole poulet de chair de Yabassi, près de 600 millions de francs CFA décaissés n’ont permis que la pose de la première pierre en 2014.
Les Camerounais ont-ils besoin de se former davantage en management des projets agro-industriels ? Il semble que tel n’est pas le cas au regard des cas multiples de réussite dans la filière. Ne devrait-on pas plutôt repenser la chaîne administrative pour remédier au système qui met en faillite de grands projets ?
AFFOCOM
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