Anarchie républicaine : la carte d’identité nationale difficile à obtenir au Cameroun
Dans l’une des éditions de son émission dominicale Cameroon Calling, l’éditorialiste maison Georges Kellong se demandait si le service public existait encore au Cameroun. Son interrogation vaut son pesant d’or tant la situation est critique. Pour nous amuser un peu prenons le petit exemple de la simple carte d’identité nationale. La mienne s’étant expirée au mois d’avril 2021 je me suis donné à faire le tour de quelques postes d’identification cherchant là où j’aurais le plus de facilités. Première destination Bafoussam où la carte expirée avait été établie. On m’informe que comme pièces à fournir je dois me munir d’un certificat de nationalité, d’une attestation de mise à la retraite si je suis fonctionnaire vu mon âge, et de l’ancienne carte avec pour frais la somme de 2800 frs. Je me rends au palais de justice pour ledit certificat, mais suis interpellé par des intermédiaires qui gravitent autour ; lesquels m’informent qu’ils peuvent m’aider à obtenir facilement au bout de vingt-quatre heures ma nationalité…pour 3000 francs plus les frais de leur commission dont le montant est laissé à mon appréciation. Nous Voilà autour de 6000 ou 7000 F. Je décide de rentrer voir dans ma ville de résidence à Dschang. Avant d’atteindre le commissariat, je tombe sur un ami policier retraité qui s’est reconverti dans la fonction d’intermédiaire des services à rendre dans les commissariats, notamment cet établissement des cartes d’identité. Il me demande 10.000 frs avec comme pièces à fournir une copie d’acte de naissance, le certificat de nationalité et l’ancienne carte. L’argent lui servira à établir ces pièces et à faciliter les choses auprès des agents identificateurs. Ici l’attestation de mise à la retraite a disparu, mais l’acte de naissance s’est présenté. Je n’avais pas encore réagi quand deux jours après le même ami revient et me dit tout autre chose. Il s’est bien renseigné et que pour les plus de 60 ans on n’exige rien d’autre que l’ancienne carte d’identité. Pour cela au lieu de 10.000 f je lui donnerai plutôt 7000. Pas fatigué du tout de faire les tours, je me rends à un troisième poste d’identification celui de l’arrondissement de Nkong-ni proche de Dschang. Encore l’exigence du certificat de nationalité plus l’ancienne carte et quant aux frais, ça dépend. De quoi ? Du chef me répond l’agent qui me reçoit en l’absence de ce chef de poste. J’aurais continué ma tournée que les choses auraient continué à changer. Même certains objets marchands ont des prix standards sur les différents marchés, mais pour une pièce officielle à établir par les services publics devenus pire que des services privés, difficile de trouver de l’harmonie. Bien des citoyens sont provisoirement Camerounais dans leur propre pays. Et vous me dites ne pas parler d’anarchie dans ce qui ne ressemble plus du tout à une République ?
François Temkeng Chekou
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