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Assainir l’environnement des villes de la pollution plastique

6 Juin

Assainir l’environnement des villes de la pollution plastique

La pollution plastique, c’est l’accumulation des déchets composés de plastique et de ses dérivés un peu partout dans l’environnement. Qui dit croissance démographique dit urbanisation, et avec elle la demande en matériaux moins chers et facilement disponibles. La moitié de tous les plastiques jamais fabriqués l’ont été au cours des 20 dernières années. L’impact des déchets plastiques et de l’industrie du plastique sur le changement climatique est souvent méconnu ou, pire, pris à la légère. Vers un plan global pour limiter la pollution plastique ?

Léger, résistant, abordable, on estime que plus de 10 tonnes de plastique sont produites chaque seconde pour être réutilisées massivement dans toutes les industries du monde, bien souvent à travers des produits à usage unique.

Or, le plastique bénéficie d’une durée de vie longue et ne disparaît jamais totalement du milieu dans lequel il est jeté. Il se retrouve abandonné dans nos villes, en pleine nature et jusqu’au fond des océans où plus des deux tiers de nos déchets finissent par atterrir. L’équivalent de plusieurs millions de tonnes par an. Car à la différence de la plupart des autres matières telles que l’acier, dont la durée de vie est estimée à plusieurs décennies, le plastique n’est pas fait pour durer en tout cas pas au sein de nos ménages. 

On distingue trois grands types de plastiques : 

  • Les thermoplastiques qui se déforment sous l’action de la chaleur et que l’on retrouve dans le mobilier, les emballages ou les jouets notamment. Ils représentent aujourd’hui environ 80% des matières plastiques consommées en Europe. 
  • Les plastiques thermodurcissables qui brûlent à trop haute température et que l’on retrouve dans les mousses des matelas, des sièges de voiture ou des chaussures de ski. 
  • Les élastomères enfin, aux propriétés semblables à celles du caoutchouc, et que l’on utilise pour la fabrication des pneus ou des semelles de chaussures. 

D’une façon générale, les matières plastiques sont devenues omniprésentes dans notre vie quotidienne grâce à leur légèreté, leur résistance et leur simplicité d’utilisation. Oui mais, les étapes de transformation sont à la fois longues et complexes et nécessitent des quantités considérables d’eau et d’énergie pour fabriquer le moindre sac plastique qui finira à la poubelle au bout d’une vingtaine de minutes d’utilisation seulement. 

Sous forme d’ordures visibles ou de microparticules au fil de sa lente dégradation, la pollution plastique fait peser d’importantes menaces sur les habitats terrestres, aquatiques et sur la vie sauvage qui s’y est établie que ce soit par ingestion, enchevêtrement ou exposition aux produits chimiques contenus dans le matériau. Des produits qui arrivent à terme jusqu’à l’Homme, par le biais de la chaîne alimentaire.

Difficile d’aborder l’écologie sans évoquer le plastique et ses conséquences désastreuses sur l’environnement. Alors que les avertissements se font de plus en plus pressants, quelle place occupe réellement le plastique sur notre planète, et quelles en sont les menaces pour tous les êtres vivants, l’Homme y compris ? Et surtout, est-il encore possible de faire disparaître les montagnes de déchets plastiques qui s’amoncellent dans la nature ?

La question est d’importance car aujourd’hui, le plastique est partout. Il s’est frayé un chemin dans nos emballages, nos modes de construction et jusque dans les plus petits objets de la vie courante. Dans nos brosses à dents, nos pailles, nos rasoirs et même nos dentifrices, impossible aujourd’hui de passer une journée sans en rencontrer d‘une manière ou d’une autre. Quelque 11 millions de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année dans les océans. Ce chiffre pourrait tripler d’ici 2040. Plus de 800 espèces marines et côtières sont affectées par cette pollution par ingestion, enchevêtrement et autres dangers.

Il faut dire que la production de plastique est un processus complexe. Dans les raffineries, le pétrole, le charbon ou le gaz naturel sont tout d’abord chauffés à très haute température avant d’être brutalement refroidis afin d’en extraire des molécules exploitables. C’est l’étape du craquage. 

Les molécules  se regroupent les unes avec les autres pour former des polymères qui constituent la base de toutes les matières plastiques. Celles-ci se présentent généralement sous forme de granulés, de liquides ou de poudres et seront par la suite mises en forme par moulage et ajout d’additifs notamment. C’est ici que le matériau deviendra par exemple plus résistant aux chocs et pourra revêtir une multitude de couleurs. 

La gestion catastrophique de nos déchets

La moitié du plastique fabriqué dans le monde devient un déchet en moins d’un an. En outre, une fois jeté, ce sont plusieurs centaines d’années de pollution qui s’annoncent le temps que le plastique se soit intégralement décomposé. 100 ans pour un briquet par exemple, 450 ans pour un sachet plastique et jusqu’à 1000 ans pour une bouteille d’eau.

Quant au recyclage, souvent perçu comme le remède à tous les problèmes, il faut savoir qu’il est souvent coûteux, très énergivore et parfois difficile à mettre en place. Impossible de recycler les gobelets à café ou les sacs en plastique par exemple, car la solution ne serait pas économiquement viable. Au final, seuls 6% de tout le plastique jamais produit ont été recyclés et même si la situation s’améliore, certains types de plastiques ne sont tout simplement pas recyclables. 

Le passage à une économie circulaire peut réduire de plus de 80 % le volume de plastique entrant dans les océans d’ici à 2040, réduire de 55 % la production de plastique vierge, faire économiser 70 milliards de dollars aux gouvernements d’ici à 2040, réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre et créer 700 000 emplois supplémentaires, principalement dans les pays du Sud.

Et s’il est devenu indispensable à notre quotidien, ce sont tous les écosystèmes de la Terre qui en profitent malgré eux, à travers les rejets toxiques liés à sa fabrication ou nos déchets, présents en quantités colossales dans les océans notamment. En 1997, lors de l’une de ses expéditions, l‘océanographe américain Charles Moore découvrait ce que l’on appelle aujourd’hui le 7ème continent, une masse gigantesque de déchets flottant au cœur du Pacifique Nord. Depuis, quatre autres zones d’accumulation massive de plastique ont été repérées, dans tous les océans de la planète. 

Pourtant, en 1963, l’invention récente du polypropylène et du polyéthylène, deux dérivés du plastique, était récompensée d’un double prix Nobel de chimie. Au même moment, l’introduction du premier sac en plastique constituait une petite révolution dans une société progressivement gagnée par la consommation de masse. 

Dès l’Antiquité, les civilisations ont eu recours aux propriétés plastiques de l’ambre, du caoutchouc ou de la corne à travers leurs objets du quotidien. Il faut toutefois attendre la seconde moitié du XIXème siècle pour qu’apparaissent les premiers plastiques semi-synthétiques, obtenus à partir de matières naturelles modifiées par des produits chimiques. 

En 1856, l’orfèvre Alexander Parkes dépose le brevet du premier plastique artificiel destiné à remplacer l’ivoire, alors importé massivement. Les découvertes s’enchaînent rapidement ensuite, de l’invention du PVC en 1880 à celles de la bakélite à partir de laquelle seront fabriqués les téléphones à cadran au siècle suivant. 

La consommation de masse et la diversification auxquelles on assiste au sortir de la Seconde Guerre Mondiale ouvrent la voie à une industrie nouvelle dans laquelle la pétrochimie occupera une place de choix. Les nouvelles matières plastiques deviennent entièrement synthétiques et sont obtenues à partir du pétrole ou du gaz naturel, pour répondre aux besoins croissants des populations. Le plastique offre davantage de confort et de polyvalence. Et un siècle plus tard, le matériau est passé de solution miracle à l’un des pires ennemis de notre planète.

La production de masse amorcée dans les années 60 s’est progressivement accélérée. 448 millions de tonnes de plastique ont été fabriquées à travers le monde durant la seule année 2015, et la production devrait encore doubler d’ici 2050. Avec une durée de vie presque infinie, c’est donc l’intégralité du plastique jamais produit qui jonche encore les sols et les océans.

Plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, dont la moitié est conçue pour n’être utilisée qu’une seule fois. Moins de 10 % de ce plastique est recyclé.

On estime que 19 à 23 millions de tonnes de plastique finissent dans les lacs, les fleuves et les océans chaque année.

Les microplastiques, de minuscules particules de plastique mesurant jusqu’à 5 mm de diamètre, se retrouvent dans la nourriture, l’eau et l’air. On estime que chaque personne sur la planète consomme plus de 50 000 particules de plastique par an, et bien plus encore si l’on tient compte de l’inhalation des particules qui se trouvent dans l’air.

Un risque pour la santé humaine

Le plastique à usage unique jeté ou brûlé nuit à la santé humaine et à la biodiversité et pollue tous les écosystèmes, du sommet des montagnes au fond des océans. Des études ont mis en évidence la présence de microplastiques dans des échantillons d’eau potable prélevés un peu partout à travers le monde. Des microparticules qui se frayent également un chemin jusqu’à nos assiettes par le biais des animaux que nous consommons ou des produits chimiques utilisés lors de la fabrication de nos emballages. Et bien évidemment, si le plastique est toxique pour la faune et la flore, il est également nocif pour l’Homme. On pense notamment au bisphénol A, interdit en France depuis 2015 mais qui circule encore librement dans certains pays européens. En tant que perturbateur endocrinien, on lui reproche notamment de favoriser l’apparition de certains cancers et de diminuer la fertilité, parmi de nombreux autres risques. En outre, les bisphénol F et S censés être de nouvelles alternatives sont également loin de faire l’unanimité. 

Une aggravation du réchauffement climatique

Fabriqué majoritairement à partir d’énergies fossiles, le plastique pourrait représenter environ 20% de la consommation de pétrole d’ici 2050. Sa production et son transport émettent d’importantes quantités de gaz à effet de serre tout comme sa fin de vie, qu’il s’agisse d’incinération ou de dégradation dans les décharges à ciel ouvert.

Une pollution des sols

Le plastique abandonné dans les décharges, soumis aux aléas météorologiques, interagit avec l’eau et laisse ses produits chimiques s’infiltrer dans le sous-sol. A terme, une possible aggravation de la pollution des sols et une altération de la qualité de l’eau potable. 

Une aide à la prolifération des espèces envahissantes

Des foyers microscopiques de virus, de micro-algues et de bactéries non indigènes se développent à la surface des fragments flottant dans les océans. Transportés sur de longues distances vers de nouveaux écosystèmes, ils peuvent se révéler particulièrement nocifs pour les environnements qu’ils envahissent. 

Des conséquences économiques

On estime à 13 milliards d’euros annuels le coût de la pollution plastique dans le monde. Cela correspond à la diminution des services écosystémiques rendus par la mer, le coût des nettoyages mais aussi l’impact sur le tourisme, la pêche et l’aquaculture.

Les solutions au niveau mondial pour lutter contre la pollution plastique

En 2018, la Journée mondiale de l’environnement organisée en Inde s’était majoritairement axée autour de la lutte contre la pollution plastique. La Banque mondiale y avait notamment investi massivement dans l’amélioration des systèmes de gestion des déchets urbains. En France, dans le cadre de la transition écologique et solidaire, le gouvernement s’est engagé en 2018 à tendre vers le 100% plastique recyclé. Les pailles, les couverts jetables, les boîtes en polystyrène ou les tiges à ballon gonflable commencent à disparaître progressivement de nos supermarchés tandis que le vrac progresse sur le territoire. À terme, un bonus-malus devrait être imposé aux industriels pour tout suremballage en plastique tandis que 2022 verra la disparition des sachets de thé et des jouets en plastique distribués avec les menus enfants dans les chaînes de restauration rapide soit une diminution globale de la production de déchets de 57% d’ici à 2030.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire proposée par le gouvernement a fixé 2040 comme objectif pour en finir définitivement avec la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique. Parmi ses mesures phares : 

  • Une stratégie nationale 3R, pour la Réduction, le Réemploi et le Recyclage des emballages plastiques. Avec des objectifs actualisés à chaque quinquennat, en collaboration avec le ministère de la transition écologique.
  • L’interdiction de distribuer gratuitement des bouteilles en plastique dans les établissements recevant du public.
  • La disparition des jouets en plastique proposés dans les menus enfants.
  • L’interdiction du suremballage plastique des fruits et légumes frais de moins de 1,5 kilogrammes.
  • Le développement du commerce en vrac. 
  • Une meilleure sensibilisation du consommateur.

Et puisque les contraintes réglementaires se durcissent, ce sont aussi les grandes entreprises qui s’engagent. Nestlé, Coca-Cola ou PepsiCo, considérés comme quelques-uns des plus gros pollueurs plastique de la planète, visent aujourd’hui à augmenter jusqu’à 35% la part de matière recyclée selon les emballages d’ici à 2025. Partout à travers le monde, on préfère s’attaquer aux plastiques non recyclables plutôt que de chercher à bannir sans discernement toutes les déclinaisons de ce matériau aujourd’hui omniprésent.

En s’appuyant sur la science et les solutions disponibles pour s’attaquer au problème, les gouvernements, les entreprises et les autres parties prenantes doivent intensifier et accélérer les mesures pour faire face à cette crise. Cela souligne l’importance de cette Journée mondiale de l’environnement pour mobiliser une action transformatrice aux quatre coins du monde.

Conduite par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et organisée chaque année le 5 juin depuis 1973, la Journée mondiale de l’environnement est la plus grande plateforme mondiale de sensibilisation du public à l’environnement et est célébrée par des millions de personnes à travers le monde. L’année dernière, les chefs d’État, les ministres de l’environnement et d’autres représentants de 175 nations ont approuvé à Nairobi, lors de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA-5), une résolution historique visant à mettre un terme à la pollution plastique et à élaborer un accord international juridiquement contraignant d’ici 2024. La résolution porte sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, y compris sa production, sa conception et son élimination.

La Côte d’Ivoire accueille la Journée de l’environnement 2023

Cette année marque le cinquantenaire de la Journée mondiale de l’environnement, après sa création par l’Assemblée générale des Nations unies en 1972. Au cours des cinq dernières décennies, cette journée est devenue l’une des plus grandes plateformes mondiales de sensibilisation à l’environnement. Des dizaines de millions de personnes participent en ligne et en personne à des activités, des événements et des actions dans le monde entier.

Le temps presse et la nature est en état d’urgence. Pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C au cours de ce siècle, nous devons réduire de moitié les émissions annuelles de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Si nous n’agissons pas de toute urgence, l’exposition à la pollution atmosphérique au-delà des normes de sécurité augmentera de 50 % au cours de la décennie et les déchets plastiques déversés dans les écosystèmes aquatiques tripleront d’ici environ 2040.

Des initiatives locales

Quant à l’échelle locale, les initiatives se multiplient. En Colombie, une entreprise a choisi de transformer les déchets en briques de plastique à partir desquelles sont construites des maisons pour les populations les plus pauvres tandis qu’au Chili, les filets de pêche abandonnés dans les ports sont récupérés, transformés en granulés de plastique puis moulés en skateboards dont la forme rappelle celle d’un poisson. Du côté du Kenya, la société Ocean Sole se charge depuis quelques années de ramasser les centaines de tongs en plastique jonchant les plages pour les transformer en œuvres d’art. 70% d’entre elles sont aujourd’hui exportées partout à travers le monde.

Des alternatives au plastique traditionnel

Bioplastique obtenu à partir d’algues ou de graines de lin, plastique compostable ou biodégradable… De nombreuses startups ont choisi de mettre leur créativité au service de matériaux plastiques plus respectueux de l’environnement. Des entreprises déjà freinées par certaines limites, la plupart de ces alternatives ne pouvant être traitées dans les installations classiques de recyclage et de gestion des déchets.

Synthèse de ACPK