Doctorat /PhD: La gouvernance administrative à la lumière du théâtre africain contemporain
Devant le jury composé de :
Président/President: FOTSING MANGOUA Robert, Professeur, Université de Dschang;
Rapporteur(s)/Supervisor(s): PANGOP KAMENI Alain Cyr, Professeur, Université de Dschang;
Membres/Examiners:
1. NOUMSSI Gérard Marie, Professeur, Université de Yaoundé I;
2. NGETCHAM, Maître de Conférences, Université de Dschang.
FOTSO MOUDZE Asère, titulaire d’un Master en Littératures et Cultures Françaises et Francophones a soutenu une thèse de Doctorat/PhD en Sciences du Langage, Littératures et Cultures. Compte rendu.
La thèse de Doctorat PhD de Fotso Moudze Asère soutenue le 23 juillet 2020 à l’Université de Dschang est intitulée « Théâtre et cité postcoloniale : lecture sémiologique de la gouvernance administrative chez quelques dramaturges africains francophones subsahariens ». D’un point de vue structurel, cette thèse constitue un volume de 347 pages de texte précédées par 14 pages des préliminaires. 318 des 347 pages sont consacrées aux parties argumentatives de la thèse, 16 pages forment la bibliographie de la thèse et le reste est constitué de l’index des auteurs (13 pages).
Le sujet de cette thèse, d’actualité, est une étude féconde, terreau fertile pour explorer profondément les méandres des pratiques administratives tels que projetés au plan de l’imagination par les auteurs dramaturges d’Afrique francophone subsaharienne. Au fond, l’auteur part de la rareté des thèses sur le genre dramatique en Afrique et l’état de l’art sur la question de la gouvernance administrative pour interroger les modalités de la gestion de la cité, leitmotiv dans le théâtre francophone de l’Afrique contemporaine. La volonté de contribuer au développement du continent africain est la motivation intrinsèque de cette entreprise scientifique. Le caractère postcolonial des sociétés d’Afrique francophone pousse l’auteur à considérer le mode de gestion des affaires publiques dans les États postcoloniaux, sous le prisme de la sémiologie théâtrale.
Le corpus qui sert de champ d’investigation repose sur un échantillon de textes dramatiques de la post-indépendance des ex colonies françaises. Il s’agit notamment des œuvres théâtrales La chèvre du sous-préfet de Charles Soh, auteur camerounais, Le caméléon de Patrice Ndédi Penda, camerounais également, La secrétaire particulière du béninois Jean Pliya, La mère malade d’Alain K. F. Linssoussi, béninois également et La parenthèse de sang suivi de Je soussigné cardiaque du congolais Sony Labou Tansi.
Cette délimitation du corpus se justifie par le fait que l’auteur trouve dans les pièces du corpus un fil d’Ariane : la mise en scène des mœurs politiques et administratives. Selon l’auteur et contrairement à la majorité des travaux qui questionnent le phénomène à l’aune du genre romanesque, un tel corpus constitué d’œuvres dramatiques offre une vision plus réaliste, comme l’ont prouvé préalablement Aristote, Jean Duvignaud, Molière.
La question de la recherche qui émane du problème soulevé dans cette thèse est claire : comment les dramaturges africains francophones représentent-ils la question de la gouvernance administrative ?
De cette question centrale découlent trois questions subsidiaires à savoir :
°Quels rapports entretiennent le théâtre et la société ?
°Quelles stratégies scripturales adoptent les auteurs ?
°Quelle esthétique et quelle éthique dans le traitement du thème de la gouvernance administrative dans le théâtre africain francophone postcolonial ?
Face à cette question centrale ci-dessus évoquée, Fotso Moudze Asère a pu formuler une hypothèse centrale à savoir :
°La dramaturgie africaine francophone postcoloniale utilise tous ses artifices génériques pour représenter la gouvernance administrative dans ses textes.
Aux trois questions secondaires, il a également formulé trois hypothèses subsidiaires :
° La cité postcoloniale dévoile des formes de gouvernance que perçoivent et représentent les dramaturges d’Afrique francophone subsaharienne.
°Les dramaturges du corpus ont chacun des stratégies scripturales pour faire valoir la gouvernance administrative.
°Les personnages-types engagés dans le théâtre africain francophone sont pour la plupart des hauts cadres de l’administration publique (directeur de service, sous-préfet, préfet, ministre, premier ministre…) qui évoluent dans un cadre spatio-temporel africain où ils asservissent le peuple, et la création théâtrale trouve toute sa raison d’être et apparaît ici comme moteur de solution et de restitution de la bonne gouvernance, au plan éthique.
Pour bien vérifier les hypothèses émises au départ, le cadre théorique et méthodologique adopté par cet auteur convoque la sémiologie de Anne Ubersfeld, le comparatisme de Claude Pichois et André-Michel Rousseau et la sociocritique de Claude Duchet comme outils d’analyse littéraire.
Cette thèse s’organise sur trois parties sensiblement égales et dont chaque partie comporte trois chapitres. Cette organisation de la thèse a permis à l’auteur d’aboutir aux résultats suivants :
-le théâtre africain tout comme la gouvernance administrative africaine est une réalité qui évolue avec le temps et le théâtre africain francophone postcolonial n’est rien d’autre que le reflet de la cité postcoloniale.
-la gouvernance administrative est au cœur des dispositifs didascaliques et averbaux du théâtre africain francophone car, la parole à elle seule ne suffit pas à rendre la compréhension et l’interprétation de la question de la gouvernance administrative chez les dramaturges africains francophones.
-le théâtre africain francophone est produit à partir de la société et pour cette même société. La place qu’occupe le théâtre africain francophone subsaharien est impérative pour faire face aux problèmes de gestion administrative car en dehors de plusieurs différences esthétiques et de toutes les spécificités relatives à chaque pièce, le caractère transversal de la thématique de la gouvernance administrative engage les auteurs dans la construction d’un théâtre du désenchantement, de refus du négatif pour la cité postcoloniale.
– L’analyse des personnages nous a conduit à déclarer que la plupart, voire la quasi-totalité des personnes responsables de la mal gouvernance en Afrique francophone subsaharienne postcoloniale sont des hauts cadres de la société et de la fonction publique.
