Être enseignant en saignant ?
L’UNESCO a proclamé le 5 octobre Journée mondiale des enseignants en 1994. Lorsqu’une conférence intergouvernementale spéciale organisée par l’UNESCO à Paris le 5 octobre 1966, en coopération avec l’OIT a adopté la Recommandation OIT /UNESCO concernant la condition du personnel enseignant, un grand pas est effectué en faveur des enseignants. On y retient les normes internationales applicables dans les domaines suivants : formation initiale et perfectionnement, recrutement, emploi, conditions d’enseignement et d’apprentissage.
Le 5 octobre célèbre également l’adoption, par la Conférence générale de l’UNESCO en 1997, de la Recommandation de l’UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur.
Un métier d’avenir ?
Au Cameroun, la profession est perçue comme en déclin, avec la perte de confiance dont les conséquences ne se comptent plus aisément. Les Etats généraux de l’éducation tenus à Yaoundé en 1995, conséquences des mouvements enseignants à la suite des baisses de salaires de 1993, sur pression syndicale, ont permis de faire le diagnostic du système éducatif camerounais en général et de la profession enseignante en particulier. Les recommandations formulées relativement aux nombreux dysfonctionnements, n’ont pas eu une suite favorable quant aux conditions de travail des enseignants, en dépit de l’agrandissement de la carte scolaire par la création et l’ouverture parfois de façon incohérente de nombreux établissements publics. La formation de l’enseignant devrait ainsi être en adéquation à la professionnalisation de l’enseignement initiée par l’Etat du Cameroun
Un fait qui a pour conséquence la baisse de la qualité de l’enseignement et par ricochet celle du niveau des élèves. Au fond, les enseignants reprochent aux pouvoirs publics le manque de considération à leur égard, le manque de moyens et le mauvais traitement salarial qui leur est réservé par rapport à d’autres catégories socioprofessionnelles relevant de l’Etat ou de la fonction publique…. L’épanouissement de l’enseignant et son engagement au travail cède à une situation où l’enseignant est l’objet de tous les mépris.
Les mouvements syndicaux en action depuis 2016 pour l’amélioration des conditions de travail n’ont de cesse de développer des stratégies de pression sur les politiques publiques. A l’inverse de bruyantes manifestations des enseignants anglophones de 2016, qui avaient conduit à des affrontements avec les forces de sécurité, avant de se transformer en crise socio-politique, « On a trop supporté » (OTS), du nom du collectif constitué au début du mouvement, a lancé de nos jours une « opération craie morte » qui ne cesse de gagner en intensité. Sa stratégie est pacifique et sophistiquée : on va au lieu de service tous les jours, mais on biaise sur le service à rendre.
Le paradoxe est qu’au moment où différents acteurs- enseignants, syndicats, parents d’élèves et institutions- cohabitent pour une meilleure gestion du système éducatif, la crise de confiance persiste. Une crise de confiance accentuée par le fait que les enseignants ne se sentent pas suffisamment considérés au plan social. La crise perdure et le bras de fer insiste.
Guider les élèves et les encourager est un métier essentiel, riche de sens et qui participent à la construction de la société en transmettant le savoir et en contribuant à la réussite des élèves. Le faire, c’est lutter contre l’illettrisme en entreprise
Remercier les enseignants pour les sacrifices consentis pour leur contribution à la construction de systèmes éducatifs de qualité ou remettre des prix ne suffit plus. Plus que jamais, il faut valoriser les enseignants pour garantir la qualité de l’éducation.
ACPK
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