EXPOSITION ITINERANTE INDEPENDANCE « LIBERONS LA MEMOIRE » : Aider à guérir les plaies d’une histoire vraie
Du 17 juin au 31 octobre 2023, le Cameroun vibre au rythme de la grande et importante exposition sur le thème Indépendance du Cameroun, Libérons la mémoire.
« L’histoire ne doit pas être un sujet de confrontation » d’après le coordonnateur général de la Route des Chefferies, Sylvain Djache Nzefa, propos tenus pendant l’inauguration de l’exposition Indépendance ,Libérons la mémoire ; une exposition qui se prépare depuis quelques mois déjà et qui se poursuivra jusqu’au 31 octobre 2023 dans les villes de Yaoundé, Edéa, Douala et Nantes. Elle présente un contenu important avec notamment 300 illustrations, 10 décors, un catalogue d’exposition, une bande dessinée et une biographie de 20 chercheurs de renom.
En partenariat avec l’ambassade de France au Cameroun, l’Agence française de développement, l’Union Européenne et plusieurs partenaires et mécènes, la Route des Chefferies organise cet évènement pour rendre hommage à la mémoire de l’indépendance du Cameroun, son processus de réalisation depuis 1884 jusqu’à 1972 sa date d’aboutissement.
Invitée d’honneur au vernissage inauguré le samedi 17 juin dernier au musée des civilisations de Dschang, Philippe Van Damme, ambassadeur et chef de la délégation de l’Union Européenne au Cameroun n’a pas manqué d’apprécier le contenu de cette exposition, lui qui la comprend comme une façon de « … Réécrire l’histoire du Cameroun, de donner une version qui va relancer les débats sur cette question et aider à guérir les plaies d’une histoire douloureuse ». En compagnie d’autorités administratives, notamment le recteur de l’Université de Dschang et son personnel, les autorités religieuses et traditionnels venus vivre ce moment capital dans l’histoire du Cameroun, le sous-préfet de l’arrondissement de Dschang ainsi que le maire de la commune de Dschang, hôtes naturels de l’événement se sont imbibés de souvenirs de l’histoire de l’indépendance du Cameroun avec un enthousiasme des plus inouïs.
Il était question de libérer la mémoire des non-dits, des préjugés et des autocensures afin de restituer la vérité et faire face à cette histoire. Le processus de marche vers l’indépendance jusqu’à son aboutissement est un sentier jonché d’embûches de toutes sortes ; les mouvements de résistance décolonialistes, la chasse armée de leaders politiques, le combat acharné des femmes valeureuses pour l’affirmation des droits de la femme sont autant d’axes qui constituent ce salut mémoriel avec son catalogue de 172 pages. De simples revendications aux confrontations sanglantes pour enfin arriver aux négociations, la violence a fait son nid dans la marche du Cameroun pour son accession à l’indépendance. Cette indépendance a été possible grâce à la bravoure, la détermination et même le sacrifice ultime de certains leaders, ce qui est parvenu à éveiller les consciences et faire lever un mouvement. Nous passons en revue Um Nyobe, Ernest Ouandié, Felix Roland Moumié et tous les autres martyrs offerts en pâture aux mains de leurs bourreaux.
Comprendre l’approche définitionnelle de la mémoire par rapport à l’histoire : la conférence scientifique
Pour clôturer cette visite inaugurale, une conférence s’est tenue ce même 17 juin à la salle de spectacles et des conférences de l’Université de Dschang avec comme modérateur Blaise Etoa, conseiller spécial à la Route des Chefferies. Constitué d’un panel riche et avisé les interventions des professeurs Long Nfi, historien à l’Université de Bamenda, Fotsing Kenne historien à l’université de Yaoundé et les docteurs Jean Claude Tchouankap et Andre Calvin Pessetvee, historiens et enseignants à l’Université de Dschang.
Partant de l’approche conceptuelle de la notion de mémoire pour comprendre son impact dans l’histoire en cours et celle à venir, les intervenants ont tour à tour croisé le verbe en mettant en avant l’importance d’écrire l’histoire telle qu’elle s’est passée et le devoir pour nous en tant qu’Africains de sauvegarder cette mémoire, de lui faire face et de s’enorgueillir. Cette conférence a été un moment important d’échanges avec un public interactif constitué d’historiens, de chercheur et d’étudiants qui n’ont pas manqué d’exprimer leur incompréhension par rapport aux points d’ombres de cette histoire qui les passionne. On peut aussi retenir que le professeur Pangop Kameni Alain Cyr y a soulevé la question de l’approche pluridisciplinaire de la mémoire dont les panélistes n’ont pas toujours su distinguer du simple rappel historique des faits. Il a souligné l’intérêt de la « co-écriture de l’histoire », de considérer la porte de libération de la mémoire dont la porte d’entrée en captivité n’est pas forcément la même. On a eu du plaisir à écouter le professeur Pangop expliquer ce qu’il appelle dans ses écrits « La mémoire cicatricielle ».
Dans la mouvance de cette séance, le maire de la commune de Dschang, Jacquis Gabriel Kemleu Tchagbou, a annoncé que l’accès au musée sera gratuit pour tous les étudiants et les élèves les mercredis et les samedis afin de permettre à la jeune génération, cible principale de ce projet, de se réapproprier une histoire mal connue par eux.
Le vernissage de l’exposition Indépendance, Libérons la mémoire a donc été un évènement d’une importance accrue pour tout citoyen camerounais dans le processus de réconciliation, de connaissance de son passé et de maitrise de l’histoire de son pays. L’exposition reste ouverte à tous les visiteurs, Camerounais et étrangers, qui souhaitent faire un tour au Musée des Civilisations de Dschang ou alors dans ses prochaines destinations, à savoir Yaoundé, Douala, Edéa et Nantes.
Marie Dominique Gnintelap
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