Faire face aux GAFA en Afrique : l’incontournable action de l’université
Le développement fulgurant du numérique a laissé s’imposer au fil de quelques années des géants en la matière, en l’occurrence les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Au regard de leur extension tous azimuts en terres africaines la menace se fait ardemment sentir. Les GAFA en Afrique sont perçus par nombre d’universitaires comme une cybercolonisation accompagnant l’idéologie de la mondialisation uniformisante et ainsi le renfort du contrôle de la mainmise occidentale sur le continent. La question de savoir comment y faire face est au cœur du débat universitaire.
Au rang des nombreuses solutions évoquées devant la problématique ainsi soulevée figure en bonne place l’impérieuse nécessité de la mise sur pieds par les gouvernements d’un arsenal juridique en vue de la création d’une législation forte pour la surveillance des GAFA et la protection des données personnelles ainsi que la multiplication des Data Centers. Certaines opinions estiment que les États devraient trouver les moyens d’imposer à ces grands groupes d’investir dans ces secteurs dans les pays du continent. Seulement, au courant de l’accusation selon laquelle Google par exemple aurait usé des stratagèmes pour éliminer la concurrence, conscients de ce que la majorité des chercheurs travaillant pour le compte des GAFA qui tendent à devenir GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont « puisés en Afrique », peut-on véritablement espérer de ces grands groupes qu’ils investissement sérieusement en Afrique et pour le « bien » du continent ? Une réponse affirmative à cette question serait faire preuve de naïveté et ignorer les intentions et le mode opératoire des capitalistes et la fuite des cerveaux savamment orchestré par le système des bourses d’études.
Alors, le secteur universitaire ici est grandement interpellé. La recherche scientifique moteur de créativité et de l’innovation est à n’en point douter l’un des moyens d’attaquer le mal par la racine. Il s’avère dès lors impérieux de multiplier les offres de formation dans le domaine. Ainsi, tout comme dans d’autres secteurs le problème de la formation et de l’imaginaire collectif revient. Cette question dont les réponses doivent être trouvées dans les laboratoires de recherche doit se servir de la télévision et des autres médias pour construire un imaginaire social prompt à amener les citoyens à s’intéresser aux questions stratégiques et à valoriser et consommer le made in Cameroon, par exemple. Ceci en donnant matière à cette jeunesse estudiantine plutôt portée à l’émigration, d’apprendre et de rentabiliser sur place leurs projets innovants.
Renforcer et rendre plus pratique la formation et la recherche scientifique dans les domaines du numérique implique doit impliquer à la fois la formation à la création-conception du hardware et du software, la formation à la conception des appareils électroniques et l’investissement dans la téléphonie mobile, le développement du réseau électrique et internet. Au sein des universités, les différentes filières y afférentes doivent considérer le domaine industriel en ouvrant la porte aux potentiels investisseurs et industries locales de sorte que les études des étudiants soient faites de manières pratiques et orientées à la résolution des problèmes et la création des richesses. L’on pourra aboutir à la fabrication des téléphones, des ordinateurs et tout autre outil informatique en Afrique avec des logiciels africain dans la configuration de base. La formation à la conception et l’innovation ayant intégré à ce propos la mise en valeur des langues et cultures africaines dans la conception des logiciels, afin que le rendez-vous du donner et du recevoir dont se réclame la mondialisation puisse devenir une réalité manifeste.
Alain Serge Fokou Touoyem
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