Je m’appelle LE WOURI
Je suis considéré comme le principal collecteur de la région de Douala. Je suis un grand fleuve.
Mon bassin à Douala (11 700km2) comprend un bief maritime important enrichi par les marées.
Ma partie continentale est drainée par deux affluents principaux : Le Nkam, le Makombe. Au confluent de ces deux rivières je prends le nom de Wouri.
Pour mieux cerner ma dynamique fluviale, il est important de présenter quelques mesures hydrologiques qui me sont liées.
Ces mesures hydrologiques concernent mon bassin à Yabassi dont la superficie est de 8250Km 2. L’altitude moyenne de mon bassin versant Est à Yabassi est de 576 m. L’indice global de la pente est de 7.6 m /km.
Je draine par mes affluents, les massifs volcaniques du Manengouba, des Bamboutos et la retombée sud du plateau Bamiléké entre Bafang et Ndinkiniméki.
Dans mon vaste plan d’eau, débouche également la marée de type « semi-diurne régulière ». La côte des pleines mers à Douala est de 2.50 m en vive eau et de 2 m en morte eau. Au regard de ces caractéristiques hydrologiques, je ne constitue pas moins une menace pour la stabilité des berges et les sociétés humaines.
Mon action au niveau de Youpwe est entreprise par la crique Docteur. C’est une véritable ria ouverte dans la mangrove. Cette ria suit une orientation Ouest – Est et présente des berges concaves couvertes de mangrove, mais aussi dénudés par endroits. Les pentes de cette ria sont douces et par conséquent les eaux suivent un tracé sinueux sur les alluvions.
La dynamique fluviale couplée à l’action de la marée semi – diurne cisaille en permanence les berges exposées. Puis s’en suivent les entailles qui aboutissent à la segmentation des berges jusqu’à leur éboulement. Ce phénomène conduit à l’amaigrissement de la côte et des berges. Cet amaigrissement des berges est observable notamment au niveau du marché de poisson. A cet endroit précis l’horizon A des sols est absent, seul l’horizon B reste présent. C’est la résultante d’un lessivage prolongé de cette berge, mais aussi de son exposition.
Par ailleurs, cet endroit fait face à une érosion piétonnière. En effet, le piétinement continu de cet endroit par les pêcheurs et les vendeuses, creuse de petites cavités circulaires de 2.5 à 6 mm de profondeur et 5 à 10 mm de diamètre proches les unes des autres. Car il faut le souligner, cet endroit est un quai de pirogues en partance pour les îles et les campements de pêche éloignés tels que Yoyo, Manoka, Limbe Mbiako, Yoruba Makole, Kombo Moukoko, Takele, Badangue, Edea. En somme, la dynamique fluviale exprime considérablement ses marques sur les berges de Youpwe à travers l’érosion régressive. Toutefois, cette action fluviale se manifeste aussi à travers la sédimentation et les inondations.
En mon amont , où les pentes sont fortes, j’incise le lit et les versants. Je transporte du matériel solide et des particules en suspension. En aval, notamment à Youpwe, parce que les pentes du lit deviennent faibles, voire nulles les eaux déposent ses charges ou alluvions dans le lit et parfois au bord du fleuve. Ces alluvions sont composées des galets émoussés, du sable, du matériel organique comme le bois, le squelette des animaux etc…. Pendant la saison pluvieuse, les eaux pluviales se joignent aux matériels transportés pour gonfler le lit du fleuve. L’on assiste ainsi à des montées catastrophiques du fleuve.
A Youpwe, du fait de l’urbanisation des versants, ces inondations deviennent plus importantes. Les habitants de Youpwe ont relevé qu’avant 1985, il n’y avait presque pas d’inondation dans le quartier Youpwe ; mais depuis 1990, estiment – ils, les inondations sont devenues monnaie courante. En définitive, il y a lieu de dire que le problème d’inondation dans le quartier Youpwe est plus une conséquence de l’urbanisation anarchique des berges et de la douceur des pentes que des simples hauteurs de précipitations bien sûr importantes (4 m /an).
Ajouté à tout ceci, je note que vous m’avez martyrisé, torturé, rétréci et confiné de part et d’autre..
Jadis, mes flots effleuraient le Sawa Novotel et l’hôtel des cocotiers (actuel Le Méridien). Vous m’avez bourré de terre pour en faire vos bases multinationales maritimes sans vous soucier du volume d’eau que je pourrais générer au moment des fortes averses.
Vous avez sacrifié et fait disparaitre un de mes fils chargé de réguler mon flux (la bessekè) pour y construire d’abord une gare, et par la suite une autoroute jonchée par un centre commercial. Vous rendez- vous compte des vibrations que vous ressentez lorsqu’un gros porteur passe par cette voie? Je parie que non!!! Cela ne vous inquiète pas outre mesure…
Vous avez continué votre sacrilège criminel à mon égard de part et d’autre de mon « pont »…
Sur la gauche comme sur la droite, vous m’avez gavé de terre et de sable sur des étendues illimitées, implantant ainsi des industries pétrolières polluantes et des cimenteries au détriment de mon épanouissement naturel. Vous m’avez spolié d’une partie de moi-même pour des constructions pécuniaires, faisant fi des conséquences naturelles.
Mon deuxième fils (le Mbanya) subit des dessablage barbares sans aucun scrupule sous vos yeux sans que personne n’osât lever le petit doigt.
Mon benjamin ( le Kondi) est devenu pour vous un dépotoir de résidus chimique et un espace de constructions anarchiques.
Aujourd’hui à travers moi, la nature a repris son droit de cité… Je suis me suis introduit dans votre intimité la plus voilée pour vous rappeler que vous avez été ignoble envers moi.
Aujourd’hui je me suis réveillé hargneux et grincheux pour vous manifester mon mécontentement en venant dans vos rues, vos entreprises, vos domiciles pour vous rappeler que je suis le voisin paisible que vous devez plutôt ménager…
J’espère par la suite que vous avez compris la requête de ce jour et que des mesures correctives seront prises le plus tôt, car ma colère pourrait devenir encore plus corsée.
LE WOURI
