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La Compagnie Dieuzyl revisite les traditions locales dans Le Mystère du trône

6 Fév

La Compagnie Dieuzyl revisite les traditions locales dans Le Mystère du trône

La salle Manu Dibango de l’Alliance franco-camerounaise de Dschang a fait le plein de spectateurs le 28 janvier dernier lors de la grande première du spectacle Le Mystère du trône. Evocation d’un spectacle qui mêle le conte, la performance, la musique, la danse, le chant pour raconter une histoire tragique de succession dans une chefferie africaine.

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Kwayep, le roi de Pouh seung, n’a pas encore reçu le signe des ancêtres qui désigne dans sa nombreuse progéniture celui de ses fils qui le succédera au trône. Son épouse Wachè lui en donne un qui porte ces signes, mais Ndiep, la première épouse de la cour, en est maladivement jalouse. Wachè meurt d’une maladie étrange et abandonne son fils Ngou’nou qu’aucune autre femme de la cour ne veut prendre sous son aile. Ndiep empoisonne le roi et laisse Ngou’nou pour mort dans un sac qu’elle balance à la rivière. L’orphelin a mystérieusement la vie sauve grâce à un lion qui traversait la rivière. Son séjour en forêt n’est pas regrettable, puisqu’il se nourrit au pied d’un arbre mystérieux. Un jour durant sa sieste au pied d’un raphia, Souffeuh, l’officiant chargé de l’intronisation des rois, va découvrir Ngou’nou et le ramener de force au village. Les obsèques de son père avaient déjà cours. Ngou’nou est fait roi, Ndiep devient folle et avoue ses crimes à la population qui l’exclut de la communauté.

Telle est la trame du spectacle Le Mystère du trône qui relève ainsi du conte étiologique. Il s’agit d’une idée originale de Basile Temdieu, l’Administrateur du spectacle qui a bénéficié de la conception dramaturgique de Dieunedort Medjionang Ditchou. Le spectacle dont le budget initial s’élevait à 2.700 000 FCFA est un partenariat avec l’AFC et BC TV de Dschang. Les costumes se veulent à la fois réalistes et symbolistes : chapeaux de paille, queue de cheval, babouches en peau de mouton séché, tenues confectionnées en matériaux de récupération, tenue d’esprit avec la mousseline, colliers, bracelets et autres oripeaux de la royauté. Les instruments de musique sont à la fois modernes et traditionnels : une guitare acoustique avec adaptateur, une flûte, piano, double gong, castagnettes, djembé, tam-tam d’appel, tambour mâle, tambour femelle. Le trône au centre de la scène est à proximité d’un lit amovible fait de  tronc de bananier ; l’implantation du lieu sacré s’est faite à l’aide de tiges d’arbres de paix fixées sur cylindre de tronc de bananier ; un escabeau sert de strapontin pour le conteur. 7 lampes tempête hors d’usage meublent l’avant-scène. D’autres accessoires scéniques tels plats, calebasse, bouteilles d’huile de palme, de vin de palme, deux boules de mets de maïs, du sel, des jujubes, 4 bambous de 2 m chacun, une chaussette.

Casting :

Conteur: Medjionang Ditchou

 Ngou’nou : Basile Temdieu

Ndiep : Marie Maffozemtsop

Lèpssèh: Chanceline Lekeuka

Wachè : Agnès Tchouankap

Nkwayep: Axel Azanguim

Souffeuh: Alex Njambou

La mise en scène dans l’ensemble mobilise tous les systèmes signifiants d’un spectacle total : texte, chant, danse, musique, effets sonores, jeux de lumière. Cette mobilisation de tout le dispositif scénique nous rappelle les théâtres-rituels et toutes les performances de Were Were Liking. Ici, on exploite le naturalisme scénique cher au feu Joseph Kengni. La compagnie a eu à cœur le professionnalisme en confiant la mise en scène à André Takoussa Saa, la scénographie et la toile de fond de décor de 10×2 m à Cabrel Atemkeng, l’orchestre à la direction d’Alex Njambou, les instruments à Raoul Nemaleu, Alex Njambou et Dieunedort Medjionang Ditchou. De la sorte, l’art de la performance que manifestent Basile Temdieu et Agnès Tchouankap, la prestance et la grande présence scénique du conteur Dieunedort Medjionang Ditchou, les dialogues et chœurs de Eunice, Christelle, Agnès Tchouankap, Marie Maffozemtsop et Chanceline Labelle Lekeuka, ont arraché des ovations chez un public sevré de tels spectacles depuis la sortie en 2015 de La tête sous l’eau de Guillaume Nana, dans la même salle par le Théâtre universitaire de Dschang, dans une mise en scène d’Alain Cyr Pangop.

La Compagnie Dieuzil fondée en 2019 par Basile Temdieu a pour vision de se servir de la culture du terroir pour faire éclore de nouveaux talents artistiques.

C’est une plateforme culturelle tournée vers la jeunesse pour promouvoir les arts, les cultures par une innovation qui mêle la musique et l’art performance, le conte, la danse, l’art plastique et révolutionne les courants de pensée du monde actuel. Il s’agit de créer une industrie culturelle productrice et révélatrice de talents. Autour des ateliers de créations, les membres seront appelés à créer des projets dans le but de : former, échanger, partager, créer et innover autour des arts et cultures du monde. Ceci à travers des résidences de création, ateliers de formation et de création, spectacles et documentaires. La Cie Dieuzyl a pour but d’interpeller et d’éveiller les consciences quant à l’importance des valeurs humaines et celle de reconnecter la génération actuelle à la mémoire historique. Globalement, l’objectif est de mettre sur pied un comptoir jeune de création, d’exposition, d’expression et de promotion du spectacle et de l’art performance qui s’ouvre aux méthodes et techniques mondiales.

La Cie Dieuzyl a déjà créé cinq spectacles : Au Cœur de l’abandon, Diagnostic cicatrique, Racines, Mère Konvit et Le Mystère du trône. Elle a participé à 04 festivals : deux éditions du festival Modaperf, une édition du festival Komane, une édition du festival des causes nobles. La diffusion du spectacle Racines en Ouganda pour le compte du festival des arts de performance d’Afrique comme œuvre retenue pour représenter l’Afrique centrale témoigne de l’intérêt que suscite cette jeune compagnie auprès du public continental. Le défi majeur de cette troupe demeure le financement et la mobilité artistique pour faire tourner les différents spectacles, l’affiliation aux organismes de propriété intellectuelle et le professionnalisme. D’ailleurs, la compagnie Dieuzyl a en perspective l’organisation d’un festival Reconnexion avec tous ses spectacles, en y invitant d’autres artistes et compagnies et en y ajoutant d’autres domaines de création, notamment le stylisme de création. Elle envisage une tournée nationale et des tournées internationales. Vivement des mécènes !!!

Alain Cyr Pangop

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