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Le confinement et la quarantaine dans les grandes pandémies de l’histoire mondiale

22 Mai

Le confinement et la quarantaine dans les grandes pandémies de l’histoire mondiale

De grands moments de l’histoire de l’humanité ont été marqués, d’une manière ou d’une autre, par la pratique du confinement et de la quarantaine, partant des trois grandes pandémies mondiale de peste jusqu’à l’apparition récente de la Covid 19.

  1. Les pandémies de peste

De nos jours, les épidémies de peste se regroupent en trois pandémies d’importance mondiale, qui ont chacune connu une pratique d’isolation ou de confinement partielle ou totale de certaines populations ou de certaines parties de certains pays. Il s’agit en l’occurrence de la peste de justinienne (541-767), de la peste noire (1347-1352) et de celle qui a débuté vers la fin du XIXè siècle. De toutes ces pandémies, la peste noire a particulièrement marqué la pratique du confinement.

En fait, à partir de 1347,  la « Grande peste » ou la Peste noire se répand à travers une Europe surpeuplée et traumatise durablement les populations. Entre 25 et 40 millions de personnes, soit un tiers de la population de l’époque en Europe, succombe à la maladie en cinq ans (1347-1352). Durant cette triste période, les populations sont astreintes au confinement pour limiter la contagion et l’évolution de la maladie. C’est justement le cas en République de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik en Croatie) qui durant cette époque avait obligé les navires qui arrivaient dans son port à patienter trente (30) jours avant d’accoster. Ensuite, cette attente obligatoire a été augmentée de 10 jours, soit quarante (40) jours au total ; on parlera dès lors de « quarantaine ».

Ainsi, le mot quarantaine depuis 1377 renvoie officiellement au confinement ou à l’isolation des villes, des régions ou des personnes atteintes pour empêcher la propagation de l’épidémie. Voyant le succès de cette pratique, elle s’est étendue plus tard dans toute l’Europe et dans le monde pour contrer la propagation de certaines grandes maladies, (1423 à Venise en Italie, 1478 en Catalogne en Espagne, 1662 en France avec le Ministre Colbert).

La pratique du confinement a également été très utilisée en 1720 pour mettre en quarantaine les passagers et les marchandises contaminés  lors de la dernière grande épidémie de peste enregistrée en France, baptisée « la peste de Marseille ». Ce fut également le cas de la peste de Chine débutée dans l’ouest du Yunnan en 1894 où des mesures similaires avaient été prises.

  1. La guerre de Cent ans (1337-1453)

Durant cette très longue guerre entrecoupée par des trêves plus ou moins longues et opposant principalement le royaume d’Angleterre à celui de France, des populations de plusieurs parties de ces deux territoires, pour échapper à la mort ont été obligées de se recroqueviller dans leurs régions, leurs localités ou leurs domiciles. C’est l’illustration parfaite en 1429 où toute la population d’Orléans s’est retrouvée enfermée dans la ville, et pour cause : en pleine guerre de Cent Ans, les Anglais tentaient de s’en emparer. En effet, rapporte Bertrand Mallen de franceinfo1, en octobre 1428, les Britanniques, qui tiennent la moitié nord de la France et convoitent ce point stratégique sur la Loire, encerclent la ville d’Orléans construisent et occupent des forts positionnés sur les principales voies de communication. C’est le début d’un siège qui durera sept longs mois. Le siège se poursuit jusqu’au mois de mai 1429, avec l’arrivée de Jeanne d’Arc et de l’armée française qui équilibre les forces. 

  1. L’épidémie de choléra de 1817

Cette épidémie qui fut la plus mortelle du XIXe siècle a frappé presque le monde entier, qui n’avait pas jusqu’à ce moment connu d’épidémie depuis la grande peste de 1720. Durant des mois, plusieurs dirigeants avaient décrétés des zones de quarantaine. En France, où elle sévit sévèrement durant l’année 1832, on constate que des mesures particulières sont prises dans les villes du Littoral, « les voyageurs sont bloqués dans les bateaux ou dans des bâtiments réservés parfois pendant trois semaines », explique Caroline Ditte de  franceinfo2.

Les contours de cette mystérieuse maladie avait finalement été élucidée par le médecin allemand Robert Koch en 1884 qui découvrit alors le virus responsable de cette hécatombe.

  1. La grippe espagnole (1918-1919)

C’est sans doute la pandémie la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité, elle tuera deux à cinq fois plus d’êtres humains que la totalité du premier conflit mondial. De 1918 à 1920, cette grippe dite espagnole identifiée aujourd’hui sous le nom H1N1 fera des ravages à travers le monde entier et tuera entre 20 et 50 millions de personnes selon l’Institut Pasteur, et peut-être jusqu’à 100 millions selon certaines réévaluations récentes, soit 2,5 à 5 % de la population mondiale, dont la moitié en Asie. Pour vaincre la maladie, il aurait fallu élaborer plusieurs stratégies de riposte, au premier rang desquelles des mesures strictes de confinement.

En effet, selon Stefan E. Pambuccian, médecin américain pathologiste et professeur à la Loyola University Chicago Stritch School of Medicine, les villes des Etats-Unis qui avaient adopté rapidement des mesures d’isolement et de prévention à grande échelle à l’apparition de la « grippe espagnole », notamment  l’isolement des cas confirmés, la fermeture des écoles et des églises, l’interdiction des rassemblements de masse, le port de masque obligatoire, ont enregistré des taux de maladie et de mortalité plus faibles. Les villes en question, San Francisco, St. Louis, Milwaukee et Kansas City, présentaient collectivement des taux de maladie et de mortalité de 30 à 50% inférieurs à ceux des villes qui ont adopté des restrictions moins nombreuses et plus tardives.

« Plus les politiques d’isolement sont strictes, plus le taux de mortalité est faible », observe le Dr. Pambuccian.

  1. La pandémie du corona virus 2020

Apparu à la mi-décembre 2019 à Wuhan, en Chine, qui en  est le  premier foyer, la covid 19 a mis la planète entière dans une guerre sanitaire, imposant de fait un changement complet des habitudes sociales faisant réapparaitre un vocabulaire « nouveau » le confinement. Aujourd’hui le confinement de la population est une mesure sanitaire désignant l’ensemble des restrictions de contacts humains et de déplacements définies au niveau national et ou local par les autorités en réponse à la pandémie de la Covid-19. Aussi, le confinement d’une personne consiste, au sens strict du terme et dans le cadre de l’épidémie du nouveau Corona virus ou Covid-19 à maintenir volontaire ou non une personne à domicile : qu’elle soit atteinte personnellement du Corona virus ou qu’elle soit entrée en contact avec une personne testée positif au Corona  virus (cas confirmé) ou qu’elle soit alors dans l’impossibilité de fréquenter un espace ouvert au public.

Le confinement forme alors le stade 3 de la lutte contre la propagation de  l’épidémie de la Covid-19. Dans ce sens, il  implique  ainsi la restriction des déplacements au strict nécessaire notamment aux soins médicaux, aux courses alimentaires et au travail quand le télétravail n’est pas possible, les sorties près du domicile (balades et visites touristiques ou activités sportives), ainsi que la pénalisation des infractions liées à cette nouvelle règle dans certains pays et  la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres par la plus part des Etats et Gouvernements du monde.

Au Cameroun, ces mesures de confinement se font concomitamment à des campagnes sanitaires de recommandation des comportements barrières hygiéniques et de distanciation sociale, pour limiter l’évolution de la pandémie. Il s’agit précisément des 13 premières mesures qui sont entrées en vigueur le 18 mars 2020 avec la déclaration faite le 17 mars 2020 par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement sous hautes instructions du Président de la République. On note dès lors la fermeture de tous les établissements publics et privés de formation relevant des différents ordres d’enseignements de la maternelle au supérieur, y compris les centres de formation professionnelle et les grandes écoles ; les débits de boisson, les restaurants et les lieux de loisirs ont été systématiquement fermés à partir de 18 heures sous le contrôle des autorités administratives, avant de rouvrir  le 30 avril 2020 après la prescription de nouvelles mesures gouvernementales. 

Dans la foulée,  les populations ont été appelées à limiter leur déplacement au strict nécessaire et les administrations ont été invitées à privilégier les moyens de communication électroniques et les outils numériques pour les réunions susceptibles de regrouper plus de 10 personnes. De même, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits sur toute l’étendue du territoire national.  Toutes les compétitions scolaires et  universitaires  ont été suspendues. En plus toutes les frontières nationales sont fermées jusqu’aujourd’hui.

Eu égard à ce qui précède, il convient de constater qu’en 2020, le confinement s’illustre comme  un vocabulaire  nouveau pour  certains de  nos contemporains, mais qui en réalité est une pratique très ancienne lorsqu’on remonte l’histoire en partant des trois grandes pandémies de peste qu’a connu l’humanité, passant par la guerre de cent ans (1337-1453), l’épidémie de choléra de 1817 et  la grippe dite espagnole de 1918. Toutefois, aujourd’hui, à l’évidence, toutes les populations de la planète, indépendamment de leur race, de leur culture, de leur religion, ou de leur opinion politique se sont très vite accommodées volontairement ou non aussi bien à la pratique réelle qu’à l’utilisation de l’expression confinement comme principalement mesure barrière pour contrer l’évolution  de la Covid 19. Laquelle continue malheureusement de faire des morts par centaine de milliers à la surface de l’écorce terrestre.

Selon les derniers chiffres, en avril 2020 plus de ¾ de la population mondiale vit en confinement partiel ou total. En date du 09 mai  2020, on compte plus de 4 000 000 de cas confirmés  à la Covid 19, avec plus de 1 500 000 guéris et plus de 400 000 décès dans le monde.

Emiace TEPI, Chercheur en Etudes Africaines, Université de Dschang-Cameroun

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