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Les rideaux se ferment, les lumières s’éteignent : les icônes du théâtre camerounais quittent la scène !

17 Avr

Les rideaux se ferment, les lumières s’éteignent : les icônes du théâtre camerounais quittent la scène !

La scène théâtrale camerounaise vient de perdre, en l’espace de quelques jours, quatre acteurs principaux de la dramaturgie entendue au sens d’Anne Ubersfeld comme écriture textuelle et représentation scénique.

Sylvain Wakeu Fogaing (53 ans), Rabiatou Mamboune Njoya (76 ans), Gervais Mendo Ze (77 ans) et Guillaume Oyono Mbia (82 ans) ont quitté l’espace théâtral camerounais entre le 21 mars et le 10 avril de cette année en cours. Après que Wakeu Fogaing a ouvert le spectacle le 21 avril, Rabiatou Njoya et Gervais Mendo Zé ont joué le rôle de l’agonisant et ont finalement cassé leur pipe le 09 avril. Guillaume Oyono Mbia, le sujet et le héros de l’action s’est trouvé dans une impasse. La maladie aggravante et l’âge se sont positionnés comme obstacles à la volonté du héros et ont gêné la progression de l’action : c’est l’apogée. La mort est là, opposant indéniable et incontournable qui agit et empêche l’icône du théâtre camerounais de s’en sortir devant ce spectacle tragique malgré sa détermination face aux multiples quiproquos et péripéties liés à l’action dramatique. Les adjuvants-médecins bien qu’ayant toute la volonté d’éradiquer cette mort qui plane au-dessus de la tête de l’auteur de l’œuvre à succès Trois prétendants …un mari comme l’épée de Damoclès, n’ont pas pu contribuer à l’obtention de l’objet recherché qui était la vie : c’est le dénouement, Guillaume Oyono Mbia dépose son stylo et ferme sa machine le samedi 10 avril 2021.

Ces auteurs dramatiques dont l’intelligence et l’abnégation à la production textuelle et scénique les a conduits à la légitimation et à la consécration, ont participé à la vulgarisation du théâtre camerounais, aussi bien en Afrique qu’ailleurs. Si le public camerounais a été enchanté de vivre les spectacles de Wakeu Fogaing relatifs au cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun et à son personnage atypique nommé Monsieur Nimportequi, Rabiatou Njoya, elle, porte critique sur la pratique de certaines traditions et valorise les institutions littéraires locales en faisant publier aux éditions Clé et SOPECAM ses pièces de théâtre dont les plus marquantes sont Toute la rente y passe (1971), La dernière aimée (1980), Raisons de royaume suivi de Haute trahison (1990) et Le sort de l’esclave (2003).

Quant à Gervais Mendo Ze, pour qui la destination d’une pièce de théâtre c’est la scène, il a mis sur le marché du livre plusieurs pièces de théâtre (dont les thèmes mettent en exergue les problèmes sociaux) qui ont fait objet de représentations théâtrales télévisées. Il est consacré par l’entrée de sa pièce de théâtre La Forêt illuminée, dans les programmes scolaires du sous-système francophone au Cameroun.

Guillaume Oyono Mbia, lui qui a propulsé le théâtre camerounais à l’international grâce à sa pièce à succès Trois prétendants… un mari, est connu et reconnu sur toute l’étendue du territoire. Son œuvre est légitimée, la critique universitaire est récurrente, les phénomènes de traduction et de réédition sont connues. Il reçoit plusieurs prix littéraires dont le tout premier lui a été octroyé par le premier président de la République du Cameroun. L’auteur de Notre fille ne se mariera pas ! devient ainsi un modèle, un classique du théâtre camerounais.

La mort en série de ces icônes du théâtre camerounais, ainsi que celle de plusieurs autres qui les ont précédés, à l’instar de Hansel Ndumbe Eyoh, Jean Miché Kankan, Essindi Mindja, Bole Butake… ne peut laisser le public de l’art et de la littérature indifférent. Ils sont certainement morts, cependant, leurs œuvres restent atemporelles, immortelles. Il convient de continuer de pérenniser les œuvres de ces auteurs en leur organisant des hommages dont les actes feraient l’objet de publication.

Gertrude Makemletia

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