L’Etudiant de Soweto de Maoundoe Naïndouba : une œuvre encore d’actualité
L’Etudiant de Soweto de Maoundoe Naïndouba est une œuvre théâtrale qui traite du problème de l’apartheid ou régime raciste en Afrique du Sud. En effet, l’étudiant Mulubé qui est le héros dans cette pièce de théâtre, est un nègre qui, avec son niveau intellectuel lutte contre le régime politique pratiqué en Afrique du Sud, micro-univers de la fiction. En tant que président du syndicat de Soweto, ou encore président de l’union générale des élèves et étudiants de Soweto, il est convoqué au ministère des aborigènes, pour lever le doute au sujet d’une rumeur. Lors de son entretien avec le directeur, ce dernier le rassurera que les programmes d’enseignement scolaire ont été réformés et que désormais l’enseignement se dispensera en langues africaines uniquement dans l’école des nègres. Ne pouvant supporter cela, Mulubé et ses frères de race se mettent en désaccord et décident d’écrire une lettre de protestation au gouvernement de l’apartheid. Ils ne recevront aucune réponse à la suite. Ce silence du gouvernement les poussera à la grève. Vexé, le commissaire recommandera de tirer sur les grévistes en pleine manifestation. C’est ainsi qu’on enregistrera pratiquement cinq cent morts et plus de mille quatre cent blessés que le commissaire résumera en deux morts et six blessés. Mulubé ne figure pas sur la liste. Ses parents seront alors pris en otage jusqu’à ce que Mulubé se livre à l’inspecteur. Dans l’échange avec les agents de la sûreté nationale, il décidera de quitter le pays, parce que ne pouvant plus supporter les pratiques inhumaines à l’endroit des Noirs. Mais, le commissaire qui mène les opérations redoutera une éventuelle trahison de sa part et lui logera une balle dans la tête. C’est là que le héros sera tué.
L’Etudiant de Soweto de Maoundoe Naïndouba est ainsi une tragédie qui demeure d’actualité. Le racisme, l’oppression et la misère dont sont victimes les Noirs dans la pièce continue d’être vécus dans plusieurs pays dans le monde contemporain. Lorsque Mulubé désire se rendre au ministère des aborigènes au sujet de la réforme, il stoppe un taxi sur lequel il écrit « White only ». L’homme blanc se présente ici comme un être inhumain, insensible et cruel, l’incarnation du diable. C’est peut-être la raison pour laquelle la mère du héros, Massika va déclarer : « Dieu est injuste et méchant…Abandonner ainsi des milliers de créatures à une mort lente, c’est plus méchant que de laisser un Fils Unique mourir seul sur une croix ! » L’atmosphère dans cette fiction théâtrale développe chez le lecteur un sentiment de pitié pour les victimes et un sentiment de haine vis-à-vis des oppresseurs. Dans plusieurs contextes de nos jours, les médias rapportent des scènes où des hommes noirs sont victimes de ségrégation raciale manifestées par les autres races. La soif de liberté, de justice et d’indépendance des personnages de l’œuvre est semblable à celle de la jeunesse de plusieurs pays d’Afrique actuelle. Les jeunes intellectuel de nos jours s’organisent dans des mouvements de revendication, à l’image de ceux qui, dans L’Etudiant de Soweto, ont mis sur pied une organisation présidée par Mulubé : l’Union générale des élèves et étudiants de Soweto. C’est d’ailleurs cette organisation qui va opter pour la rédaction des articles en vue de revendiquer la réforme imposée par les Blancs racistes, déterminés à maintenir les Noirs d’Afrique du Sud dans un état d’infériorité perpétuelle dans tous les domaines. C’est également ce mouvement qui mènera la grève pour se révolter du caractère insatisfaisant, unilatéral et ségrégationniste des programmes scolaires.
Comme ceux de la pièce de théâtre, certains jeunes noirs poussent leur bravoure jusqu’au sacrifice suprême pour défendre leur cause. La mort de Mulubé, personnage principal, ainsi que le sacrifice des étudiants constituent la métaphore de la désagrégation de la société ségrégationniste ainsi que le symbole du rejet de toute politique d’apartheid, quelle que soit la forme qu’elle emprunte dans la société actuelle.
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