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Mbouda ce 22 septembre : récit d’une journée au visage englué dans l’entre deux

3 Oct

Mbouda ce 22 septembre : récit d’une journée au visage englué dans l’entre deux

La traditionnelle chorale bucolique des oiseaux divers annonçant la venue d’un nouveau jour a retenti ce matin du 22 septembre 2020 dans les Bamboutos comme à son accoutumée. Dans la ville de Mbouda, chef-lieu du département des Bamboutos, et chef-lieu d’arrondissement, le décor était plutôt mitigé, un peu comme si l’on s’attendait à quelque évènement surprise dans un futur proche, évènement dont la mine pâle et sévère de la ville n’en augurait que des auspices peu reluisants. Même si la nature ne disait mot sur la réalité de l’évènement suspecté, chacun, dans son for intérieur et dans une communication mimique monologique et à demi-mot, pensait à l’appel à la marche dite pacifique déclarée par le parti d’opposition dénommée ‘’Mouvement pour la Renaissance du Cameroun’’ en abrégé MRC du professeur Maurice Kamto, principal parti d’opposition, marche interdite à grand renfort de communiqués et de sorties médiatiques des autorités administratives et traditionnelles du département. La population a en effet connu une flopée de communiqués délivrés par le préfet des Bamboutos et les sous-préfets des différents arrondissements, rappelant à chaque fois les dispositions constitutionnelles attestant du caractère de ladite marche, « insurrectionnelle » selon les autorités, et appuyant l’interdit par les sanctions encourues par les contrevenants. Cette ligne tracée par les autorités administratives a été suivie par les auxiliaires d’administration que sont les chefs traditionnels. Les administrés des Bamboutos auront en effet eu droit à des tribunes médiatiques agrémentées de proverbes triés sur le volet pour justifier la dangerosité de la marche, animées par le collectif des chefs traditionnels Mangwa, aussi bien en français que dans les différentes langues maternelles, appelant avec insistance les populations à dire non à la marche. Autant le dire, le décor était plutôt bien planté pour que le département des Bamboutos ne prête guère le flanc à quelque manifestation que ce soit.

 Tôt le matin, les habitants disent avoir entendu quelques coups de feu sans que l’on sache exactement l’origine ni le but de cette démonstration. Peut-être était-ce là la résultante d’une intervention des forces de l’ordre contre quelques petits délinquants dont les villes du pays ont l’habitude. Aux axes importants de la ville, l’on pouvait remarquer une mobilisation importante des forces de l’ordre de divers corps, dont les engins avaient d’ailleurs commencé à stationner depuis la veille dans des coins jugés névralgiques de la ville. Ainsi, dès le carrefour Bafounda, situé à quelques encablures du centre-ville, à l’entrée du département sur la Nationale conduisant à Bamenda, l’on pouvait déjà apercevoir quelques éléments des forces de l’ordre montant et descendant dans une patrouille spécialement improvisée en cette journée unique.

Plus loin, au niveau du carrefour Mbo’oh, un autre détachement d’envergure. Le tableau s’est répété ainsi au niveau du carrefour Texaco, de la Total, du rond-point et plus encore. Dans les premières heures de la journée, plusieurs axes de la ville étaient quadrillés et interdits de circulation aux motos-taxis. Alors, pour vaquer à leurs occupations, beaucoup de « Mboudaens » ont dû user de la voiture d’Abraham, chose plutôt bonne pour la santé, car le corps a besoin régulièrement d’exercice pour se maintenir en forme. On doit signaler que le réveil à Mbouda a été, somme toute, hésitant, la plupart des habitants préférant rester chez eux car, pour les citer, « on ne sait jamais ».

MARCHE  OU MARCHÉ ?

Le concours des circonstances a voulu que le jour choisi pour la marche soit en même temps jour de marché à Mbouda. Mais il ne faut guère se le cacher, la place du marché n’a pas connu sa foule des autres jours, surtout que plusieurs commerçants, par crainte et par prudence ont choisi en ce jour de fermer boutique. Et même que plusieurs personnes avaient préféré faire leur course la veille, craignant que les choses dégénèrent. Même au niveau des bars, des vendeurs à la sauvette et à la criée, ce n’était guère la grande affluence.

Dans les villages, beaucoup de villageois, cultivateurs et planteurs pour la plupart ont préféré se terrer chez eux, se faire un bon repas et le prendre en famille, agrémenté par du nectar local, du vin de palme ou de raphia, ou, pour les plus nantis, du bon vin importé. Mbouda n’a donc pas, au final connu la sortie de ses habitants que pour aller chercher leur pain quotidien pour ceux qui ont bien voulu sortir. Comment ne pas souligner le fait que ceux des motos taximen qui sont sortis ont fait de bonnes affaires car, suivant la loi de l’offre et de la demande et voyant la demande surplomber l’offre, ont pratiqué des prix plutôt hors norme. Des distances d’habitude parcourues pour 200frs se voyaient facturer à 350frs voire même 400frs ou même 500frs CFA. Que dire ? Sinon que toute situation conjoncturelle a ses bénéficiaires et parfois pas toujours parmi ceux prédisposés au départ.  

La journée a donc évolué dans cette atmosphère mis figue mis raisin, embourbée dans une hésitation prolongée entre la normale et l’inachevée, jusqu’à ce que l’astre solaire termine son périple quotidien et retourne à son gîte sans qu’un incident d’envergure ne vienne troubler la quiétude apparente des populations de la ville de Mbouda. Quoique la circulation soit restée réduite au minimum et que beaucoup de conducteurs se soient abstenu de sortir de chez eux, la ville est restée animée quoiqu’au minima. Alors, si ce 22 septembre devait porter l’estampille d’un film à la mode, on le baptiserait sûrement, pour la beauté de la formule : «Mbouda ne marchera pas en ce jour de marché ».

Preston Kambou

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