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Nnane Ntube : « Écrire en anglais ou en français au Cameroun est une question de choix et d’objectif »

23 Août

Nnane Ntube : « Écrire en anglais ou en français au Cameroun est une question de choix et d’objectif »

Salut Nnane !

Bonjour à vous. J’espère que vous allez bien.

Dois-je dire Mme ou Mlle ?

Mademoiselle me va (rire).

Vous êtes la présidente d’une association de jeunes écrivains camerounais. Quels en sont les objectifs ?

Merci pour cette question. L’association est connue sous son acronyme CLIJEC, Cercle Littéraire des Jeunes Camerounais. Elle a été créée en 2011 dans le but de promouvoir les jeunes voix littéraires et les ouvrir au monde de la littérature, de promouvoir la littérature camerounaise en particulier et la littérature Africaine, en général. C’est dans cette logique qu’elle n’a pas hésité à occuper une place première dans le renforcement des capacités littéraires des écrivains émergents au travers des conseils et encouragements, ateliers d’écriture à l’interne et à l’externe, partages, etc. CLIJEC est toujours à la une des informations littéraires grâce à son magazine littéraire, Clijec Mag’ (http://clijecmag.com/). Avec son festival annuel, le FESTAE (African Festival of Emerging Writers), elle fait sortir la littérature et culture camerounaises et africaines d’une place dite périphérique, et les mettent au centre de discussions.

Quelle place occupe la poésie dans votre création littéraire ?

Eh bien, je suis poétesse avant tout. Cela veut dire que la poésie est tout ce qui me donne l’envie de créer. La poésie et moi, nous sommes des sœurs siamoises. Vous comprendrez alors sa place dans ma création littéraire.

Combien de livres avez-vous déjà publié ?

Mon tout premier livre, Litany of a Foreign Wife, a été publié le 13 avril 2020 aux États-Unis par la maison d’édition Spears Media Press. C’est un recueil de 38 poèmes qui milite pour la paix et le dialogue au Cameroun, pour une bonne démarche de résolution des conflits et pour la sécurité mentale et physique des citoyens.

Vous publiez beaucoup plus en anglais, que pensez-vous avoir dans le champ littéraire camerounais dominé par les livres en français ?

Votre constat est juste, le champ littéraire camerounais est bien dominé par les livres en français, mais cela ne veut guère dire que les livres en anglais n’ont pas de place dans ledit champ. Écrire en anglais ou en français au Cameroun est une question de choix et d’objectif. Être Camerounais donne d’abord un visa gratuit pour un statut bilingue. Alors, je ne devrais pas m’inquiéter pour mon choix d’anglais. L’inquiétude revient à celui ou celle dont pour une raison ou d’autres ne peut pas avoir une bonne compréhension de mes créations littéraires. J’écris et j’attends que tous lisent, comprennent et prennent action pour un changement meilleur. Nous sommes bilingues, lisons-nous les uns les autres.     

La littérature du Renouveau. Je choisis ce nom parce que cette littérature nous amène à repenser notre existence et nos actions. Alors, la littérature souligne et réarticule des questions importantes sous des formes expérimentales de poésie, nouvelles, etc.

Qui est Nnane Ntube hors des scènes littéraires ? Femme au foyer, fonctionnaire, …

Hors des scènes littéraires, j’ai plusieurs casquettes ; enseignante, activiste pour la paix, la justice sociale et l’environnement, entrepreneur social via mon organisation Youth Centre for Progress (YOCEP) qui est dans la promotion du volontariat, des talents et autres compétences des jeunes, mentoring et la promotion d’une éducation de qualité. Je fais du volontariat dans d’autres associations de la société civile telle que Open Dreams où j’exerce comme mentor et Oasis Online Academy où je suis chargée de communications et enseignante, etc. Avant tout ceci, je suis la fille de ma mère, Elizabeth Ahone, que j’aime beaucoup. Je suis la tante de Vanessa, Rachline, Bernice, Bernard, Rudit, Dilian etc., mes amours.

Qu’est-ce qui vous a décidé à entrer en littérature ?

Je n’ai jamais pris la décision d’entrer en littérature. Étant jeune, je dirais 9 ans, j’étais tranquille dans ma solitude vivant chez ma grande sœur à Foumban où la créativité m’a rendu visite. Cela est venu sous forme de dessin. Je dessinais les ami(e)s imaginaires qui résidaient dans ma tête. Je leur donnais la parole. Petit-à-petit, je me suis retrouvé à écrire des petites phrases. Je ne dirai pas que c’était des vers, car c’était des phrases, des plaintes ; ce que je ressentais au fond de moi. C’est en classe de Form two (5ème) que j’ai rédigé mon tout premier poème, « Searching for a friend », lors d’un projet de rédaction en classe pendant le cours de poésie avec mon professeur de littérature, monsieur Oben Michael. Étant un poète, il a vite remarqué ce talent en moi et c’est lui qui s’est donné la tâche de me mettre au travail. Me voici aujourd’hui, toujours à vouloir accomplir cette tâche.  

Partie de son foyer de naissance à Wuhan, un virus s’est répandu jusqu’à devenir mondial, le coronavirus. Quel a été votre état d’esprit au moment de l’annonce des premiers cas au Cameroun par les médias ?

Cette nouvelle m’a un peu bouleversé mais je savais que tout ira bien, surtout quand j’ai vu la contre-attaque des Camerounais avec du gingembre, citron, la thérapie de l’eau chaude, etc. Je savais que tout ce qui me reste à faire était de respecter les mesures mises en place par le gouvernement, d’adopter une hygiène saine, de sensibiliser la population via les réseaux sociaux, etc.  

Il y eut une période de confinement où chacun était appelé à rester chez soi. Que faisiez-vous ?

Eh bien, j’étais chez moi. Je donnais les cours en ligne aux élèves de classe d’examen, j’organisais des lectures virtuelles de poésie avec des poètes Africains, de l’Amérique Latine et des caraïbes. C’était pour nous une sorte d’activisme pour donner espoir au monde entier que tout ira pour le mieux et qu’il y a toujours le beau dans la laideur. Il était question de regarder le bon côté des choses et de ne pas se déprimer face au confinement.   

Votre imaginaire d’écrivain a-t- il été influencé du fait de cette pandémie ?

Je dirai, oui. J’ai eu beaucoup d’inspiration en regardant le monde autrement. J’ai écrit des poèmes tels que « Pale Thoughts », « Hold On ! », « The Wait », « The Way Forward », etc. Le poème « Pale Thoughts » (https://spillwords.com/pale-thoughts/ ) a été publié par Spillword Press aux États-Unis ainsi que « Hush ! » (https://spillwords.com/hush-by-nnane-ntube/ ).   

Des gens ont accouru vers les librairies électroniques pour passer le temps du confinement. Comment avez-vous procédé pour assurer la promotion de vos œuvres ?

J’ai adopté la démarche de lectures virtuelles. Je faisais des courtes vidéos de mes lectures et je faisais aussi la promotion de mon recueil de poèmes, Litany of a Foreign Wife, ce qui lui a permis d’être classé en rang de Bestseller par Amazon au regard des recueils de poèmes africains. 

Vous-même, comme lectrice, que lisiez-vous pendant ce temps ? La Peste, Robinson crusoe,….

Oh, je lis beaucoup les nouvelles voix des poètes émergents en Afrique et ailleurs. Je découvre des nouvelles thématiques et j’explore des nouveaux champs de création littéraire. 

Si l’on vous demandait de donner un nom littéraire à cette période de l’histoire. Que retenir pour les historiens ?

La littérature du Renouveau. Je choisis ce nom parce que cette littérature nous amène à repenser notre existence et nos actions. Alors, la littérature souligne et réarticule des questions importantes sous des formes expérimentales de poésie, nouvelles, etc. 

Imaginez-vous personnage héroïne dans un roman tout s’effondre du fait de la pandémie en cours, que feriez-vous, comme être de papier ?

Je ferai tout pour que le calme revienne et que les autres personnages et moi formions une barrière défensive solide pour que la pandémie nous fuit et non le contraire (rires).

Donnez un titre au dit roman.

Par Devant les Jours Qui Viennent…

Quel regard jetez-vous sur la littérature camerounaise actuelle ?

Il y a du progrès. Elle est prometteuse.

Quelles sont les nouvelles perspectives qui s’ouvrent à vous, post covid ?

Pour le moment, rien à signaler. Il est d’abord important d’assurer que la famille va bien, les amis etc. afin de parler à tête posée, des nouvelles perspectives. Mais la lecture et l’écriture continuent.

Beaucoup de ménages ont opté pour les recettes de grand-mère. Est-ce votre cas ?

Je n’ai pas connu ma grand-mère donc j’opte pour les recettes de ma mère.

Votre mot de fin

Thank you for granting me this opportunity.  It has been a pleasure answering your questions. I call on fellow Cameroonians to keep encouraging us by buying our books, reading them and giving feedback. That’s the only way we can know if we are growing to be a fine wine or not.

Merci pour la collaboration

Propos recueillis par Gaëtan Guetchuechi

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