Note de lecture de l’ouvrage Précis de correspondance administrative de L’Honorable David Manfouo
Discours prononcé devant les parlementaires en fin de session à Yaoundé le 09 juillet 2020 à 12 H au Palais des Congrès
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Excellence, Honorables députés, mesdames et messieurs, chers invités. Il m’échoit l’honneur de présenter ici la note de lecture de l’ouvrage Précis de correspondance administrative. A l’adresse des parlementaires, des maires, des chefs de région… de l’Honorable Manfouo David. Il s’agit d’un agréable devoir auquel me convie l’hôte de ce jour qui pose un acte historique en commettant un outil de modernisation des échanges dans les rouages de l’administration dans un contexte de décentralisation. Je remercie Honorable Manfouo pour cette considération et ce privilège qu’il m’accorde. Je saisis cette opportunité pour adresser mes salutations à tous les élus de la nation, et des salutations particulières à ceux qui prennent part à la présente cérémonie de dédicace à la suite de la session parlementaire. C’est avec plaisir que je retrouve sur ce panel des personnalités que j’avais perdu de vue.
Concernant ce livre commis aux éditions CLE cette année-même, nous présenterons les contours formels du document d’une part et les aspects du fond de l’ouvrage d’autre part.
Considérons tout d’abord le paratexte. Il est constitué d’un discours préfaciel que votre humble serviteur a eu l’insigne honneur de signer, de l’avant-propos, l’introduction générale et la conclusion de l’auteur qui explique les postulats de base et les objectifs de la livraison, et de la postface du Professeur Roger Tsafack Nanfosso, Recteur de l’Université de Dschang. La quatrième de couverture offre un bref renseignement sur le contenu du livre assorti du profil de l’auteur dans ses attributs parlementaires et ses marques distinctives.
Toujours au plan paratextuel, l’ouvrage est nourri d’annexes contenant une batterie de lois, notamment le projet de Loi n°1046/PJL/AN modifiant et complétant certaines dispositions de la Loi n°2012/001/du 19 avril 2012 portant code électoral ; le projet de Loi n°1047/PJL/AN fixant le nombre, la proportion, par catégorie et le régime des indemnités des conseillers régionaux ; la Loi n°2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation ; la Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes ; la Loi n°2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions ; la Loi n°2014/017 du 09 juillet 2014 portant règlement intérieur du Congrès du Parlement.
Il est symptomatique de relever que cet essai de 355 pages co-édité par l’auteur et les éditions CLE et dont nous assistons à la sortie officielle en ce jour est un indicateur de la vitalité de l’édition dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19. Cette maison d’édition a été choisie sans doute pour des besoins d’accessibilité, de proximité et de valorisation de l’édition locale. Car c’est une maison d’édition qui capitalise une cinquantaine d’années d’expérience éditoriale, bravant de la sorte toutes les conjonctures liées à la diffusion et à la consommation du livre en Afrique.
Le corps du texte en lui-même tient en quatre grandes articulations. La première partie intitulée « Présentation générale de la correspondance administrative et de documentation générale, d’injonction et d’information interne » est constituée de quatre chapitres. Ici, l’auteur s’attelle à étudier la correspondance administrative de façon générale, les documents d’information générale, les documents d’injonction et les documents d’information interne.
La deuxième partie de l’analyse s’intéresse aux actes administratifs unilatéraux et aux actes législatifs. Les actes administratifs unilatéraux sont ceux pour lesquels l’expression d’une seule volonté, celle de l’Etat, d’une collectivité locale ou d’un établissement, est suffisante pour créer une situation de fait, pour rendre des dispositions obligatoires. Les actes législatifs quant à eux émanent du Parlement. On notera que dans un souci pédagogique, l’ auteur rappelle qu’un acte en droit administratif désigne une manifestation de volonté qui crée ou modifie une situation juridique.
La troisième partie de ce guide qui allie la théorie et la pratique est intitulée « Le député/Sénateur et la correspondance parlementaire ». Ici, il s’agit pour l’Honorable David Manfouo de clarifier le statut du Parlementaire, qu’il soit député ou sénateur, ou alors sur l’ensemble des écrits qu’il initie ou reçoit au quotidien dans l’exercice de ses fonctions. Il s’intéresse à la personnalité de ce garant du pouvoir législatif et aux différents documents qui lui permettent d’échanger avec le public.
La quatrième et dernière partie de l’ouvrage intitulée « La municipalité ou la région et la correspondance communale ou régionale », a pour objectif de procéder à un éclairage concomitant sur la municipalité et la région d’une part et sur les documents qui sont rédigés ou reçus au quotidien dans cette administration d’autre part. On met en lumière ici les attributions de cette collectivité territoriale décentralisée et sur les différents documents qui lui permettent d’échanger en interne et avec le public.
Dans le fond, la publication Précis de correspondance administrative. A l’adresse des parlementaires, des maires, des chefs de région… est motivée par le caractère indispensable de l’écrit dans les échanges, la régulation et le fonctionnement de l’appareil administratif au troisième millénaire. En effet, le schéma de la communication intra et inter administrative, entre les administrations et le public se déploient en grande partie au moyen du texte écrit, notamment au travers de la correspondance administrative. Tout tourne autour de trois préalables dans ce sillage : la bonne maîtrise de l’information à transmettre, la manière de la transmettre et la prise en compte de exigences (de fond et de forme) relatives à sa nature. L’essai questionne dès lors : Comment procéder pour réussir convenablement la rédaction et la présentation d’un texte à caractère officiel ? Quels sont les différents types de correspondances administratives, parlementaires, communales ou régionales ? Quels sont les critères permettant de les catégoriser ? Quels sont leurs objectifs ? Comment les schématiser ? Comment penser et bâtir des exemples d’application devant conférer un caractère concret à l’étude ? Je suis fondé à dire ici que l’ouvrage répond à toutes ces questions. Un précis, c’est avant tout la précision !
Lla rédaction idoine n’est plus à sous-estimer dans la sphère publique. La rédaction technique représente, en ce sens, un enjeu socio-économique dans le monde professionnel en général et dans celui de l’entreprise en particulier. La fluidité des échanges et la production de la valeur ajoutée sont comptables de la qualité de la rédaction technique. Les compétences en la matière se font rares et l’inquiétude des décideurs augmente. Plusieurs se forment aux techniques du travail administratif sans manuel efficace de rédaction administrative, en dépit de l’abondante littérature initiatique sur le sujet. L’imprécision dans la communication publique rédigée est un gros risque au plan politique. La diversité de correspondances et les différentes voies de circulation dans l’organigramme des institutions exigent rigueur et précision dans les documents à fournir dont la formulation des contenus révèle le statut et la personnalité des signataires.
J’ai lu plusieurs livres sur la rédaction technique, mais un écrit portant précisément sur la correspondance appliquée à diverses instances de la machine administrative contemporaine marquée par l’avènement des collectivités territoriales décentralisées relevait jusque-là d’un programme optatif pour moi. Sans doute le cabinet parlementaire du député David Manfouo, tout autant que l’administration des douanes où il exerce comme fonctionnaire chevronné lui ont servi de laboratoire expérimental. Ce cadre au chef fleuri a eu l’acuité du diagnostic des conséquences néfastes des correspondances formulées avec désinvolture. Ce vade-mecum que propose David Manfouo ici en réponse à cela procède tout d’abord par taxonomie des formes épistolaires en vigueur dans une chaîne administrative désormais acquise à la subsidiarité préconisée par la décentralisation et le développement local. Les séminaires de renforcement de capacités ont souvent aidé les élus de la nation, ainsi que leurs collaborateurs respectifs à y parvenir, mais un livre qui capitalise l’ensemble des données éparses sur le sujet permet d’inscrire la consultation et l’expertise dans la durée et la permanence. 355 pages auront suffi à l’Honorable David Manfouo pour le prouver. Que ce soit en formation initiale, pour le renforcement des capacités des cadres administratifs ou en support pédagogique en contexte didactique, l’ouvrage de David Manfouo se veut indispensable. Il vient combler le déficit de l’ingénierie documentaire consistant à appliquer des méthodes modernes et les standards pour structurer et produire l’information, afin de la rendre claire, fiable et économique.
Le présent essai est un précis, c’est-à-dire un ouvrage qui traite de ce qu’il y a d’essentiel dans la rédaction administrative. Ce document est fort informatif sur les rouages et les arcanes de l’administration via les textes de correspondances ; que ce soit pour la communication interne ou pour la communication externe. Qu’on soit cadre expérimenté ou stagiaire, lauréat des facultés universitaires ou récipiendaire d’un diplôme d’une grande école, ce livre de référence vous prête un langage spécifique et adapté au format des scripts dans une administration qui se veut moderne. L’auteur ne déroge pas à la nécessaire contextualisation en prenant savamment appui sur l’expérience de l’Administration camerounaise, avec ses contraintes légales et les textes juridiques. Chaque correspondance est analysée à l’aune de sa nature, de ses traits caractéristiques et de ses fonctions, avant d’être arrimée à un profil au sein des instances. Que ce soit par déconcentration, délégation ou dévolution, les types de décentralisation aux plans administratif, financière, fiscale et politique déclinent leurs modalités à travers la correspondance. Si la redevabilité sociale et le contrôle citoyen constituent un rouage démocratique permettant de rapprocher de façon collaborative les citoyens de leur gouvernement, la correspondance en est le vecteur inhérent. C’est une aubaine au cœur des mutations dans tous les secteurs managériaux de l’entreprise et de l’administration.
Sans être un colifichet ou un livre aux mesures normalisées, ce guide méthodologique pratique offre aux lecteurs des formats, et même des formulaires taillés sur mesure. La collecte de spécimens de lettres donne à David Manfouo de contribuer à la modernisation des techniques de communication en milieu professionnel. Par exemple, le rédacteur novice n’aura plus à aller aux archives souvent mal entretenues, pour espérer retrouver après d’interminables fouilles, un modèle de lettre. Bien que fictionnalisant sur les bords, les applications pratiques suggérées par l’auteur sont inspirées des cas concrets reproductibles tirés des pratiques courantes dans les services administratifs et les entreprises identifiables. Ainsi, des prototypes d’écrits professionnels sont présentés sous forme d’exercices avec corrigés, accordant une plus-value pédagogique à l’ouvrage et une traçabilité des prérogatives de tous les paliers considérés de la hiérarchie administrative. Les annexes disposent de textes, réduisant le chemin d’accès aux sources de la réglementation en vigueur. La bibliographie sélective ici se garde de toute inutile exhaustivité.
On en sort outillé, car l’essai permet de prendre la mesure des normes et des règles qui régissent les relations interpersonnelles et la vie officielle au sein des institutions étatiques, paraétatiques et privées. Il mêle allègrement l’art de la règle et la règle de l’art. Le lecteur y apprendra sur les mécanismes de fonctionnement de l’appareil de l’Etat. Il ne s’agit point d’un attribut exclusif aux facultés universitaires de sciences juridiques et politiques ni aux écoles d’administration et de magistrature. L’usage d’un glossaire parlementaire est un exemple éloquent de facilitation pour l’accès au jargon parlementaire chez tout interlocuteur de la correspondance parlementaire ou tout usager qui voudra rédiger une correspondance dans le cadre du Parlement ou à l’intention d’un élu du peuple. On notera davantage que chaque acte administratif étudié est assorti de sa nature, de ses spécificités et de ses fonctions, quitte pour chaque utilisateur ou potentiel lecteur de le cerner dans son ensemble, dans cette orchestration de phrases dont certaines peuvent résonner comme un refrain du raisonnement tout le long des pages.
Monsieur le Président, Excellence, Honorables députés, Mesdames et messieurs, la publication d’un tel document se veut un acte de générosité qu’il convient de saluer par une exploitation judicieuse dans les approches managériales des temps actuels. L’efficacité d’une rédaction respectueuse des normes prescrites y est mesurée à l’échelle de la valorisation des activités et du statut des garants de l’appareil législatif et de l’exécutif communal. Il suffit de vous procurer un exemplaire de l’ouvrage et de le garder bien à portée de main. Aucun regret à également l’offrir comme prime d’encouragement à un collaborateur ou à un ami qui peine dans la rédaction de ses correspondances.
Sur ce, je vous remercie !
Professeur Alain Cyr Pangop,
Yaoundé, le 09.07.2020
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