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Pourquoi l’école peine-t-elle à être le moteur de l’ascenseur social au Cameroun ?

28 Avr

Pourquoi l’école peine-t-elle à être le moteur de l’ascenseur social au Cameroun ?

Il y a deux ou trois ans, le journaliste Bonas Fotio de la chaîne de radio et télévision LTM m’avait posé la question de savoir pourquoi l’école au Cameroun peine à être le moteur de l’ascenseur social au Cameroun. J’ai retrouvé les notes de ma réponse que je voudrais partager ici avec vous en la mêlant à l’actualité nationale.  

Disons d’emblée que calque du modèle colonial d’accès à l’ascension sociale au Cameroun est demeuré figé, alors que de nouveaux modèles existent déjà. Nous avons ainsi trois catégories sociales au Cameroun que l’école aura permis de sérier : la classe des riches, la classe des pauvres et la classe moyenne.

Un riche au Cameroun

Un riche au Cameroun est celui qui possède beaucoup de biens. Le classement du magazine commercial « Forbes Afrique » publie ces dernières années une cuvée de milliardaires d’Afrique francophone subsaharienne parmi lesquels on distingue 10 Camerounais les riches. On y lit par exemple que 9 Camerounais possèdent plus de 200 millions de dollars, c’est-à-dire 120 milliards de francs CFA. Ces Camerounais évoluent dans les secteurs tels que Télécoms, banques, médias, industries, hôtellerie, distribution, commerce. C’est Baba Dan Pullo qui vient régulièrement en tête de ce classement avec 920 milliards de dollars, soit 500 milliards de francs CFA. Cette catégorie rare de riches investit au Cameroun, en Afrique et en Europe.

Un pauvre au Cameroun

Un pauvre au Cameroun est celui qui, selon l’indice de développement humain ne dispose d’aucune ressource par rapport au seuil de satisfaction de besoins élémentaires tels que manger, boire, se vêtir, se loger, se soigner ou encore s’instruire. Dans la classe des pauvres, on peut distinguer trois catégories :

  • Les sans-emplois, les déplacés, les sinistrés, les prisonniers de droit commun, les analphabètes des grandes villes du pays ;
  • Les paysans vivants dans les zones rurales les plus reculées qui n’ont pas d’accès aux fruits du progrès collectif ;
  • Les victimes d’injustice sociale parmi ceux des diplômés qui n’ont pas d’insertion socio-professionnelle ou qui en ont été exclus. Ceux-là sont des appauvris. Les appauvris sont victimes de la mentalité de pauvreté cultivée par un système de gouvernance qui s’apparente à une jungle de sectes pernicieuses. 

Pour autant, les plus pauvres de la planète ne sont pas au Cameroun, même si 21 pays les plus pauvres du monde se situent en Afrique. C’est la seule consolation à avoir dans ce classement !

La classe moyenne pour une école de la sagesse

La classe intermédiaire de la société camerounaise est fonction des revenus journaliers qui varient entre 1000 frs/jour et 12000frs/jour. Constituée en moyenne de jeunes, c’est la composante la plus dynamique du pays, le ressort de la croissance économique. C’est la catégorie la plus susceptible de créer la richesse en initiant des projets tournés vers la résolution de problèmes locaux dans le domaine de la santé, l’agriculture, le développement durable, la gouvernance, l’art, etc.

Ce sont majoritairement les fonctionnaires de l’Etat qui soutiennent plusieurs membres de leurs familles élargies. Mais ils sont englués dans une machine administrative grippée par la prévarication. On ne passe pas facilement d’une classe sociale à l’autre dans l’ascension en se fondant essentiellement sur l’école.

L’école n’est donc plus le moteur de l’ascenseur social au Cameroun, pour une raison double. D’abord, le dispositif d’ascension sociale ne se fonde plus sur des valeurs défendues par l’école. Ces valeurs sont devenues réversibles dans la société actuelle. Un feyman, c’est-à-dire un roublard qui use de la ruse pour escroquer les autres tout en ayant une apparence vertueuse, est ainsi plus écouté qu’un diplômé ; il est même parfois adulé lorsqu’il passe pour un mécène. Parfois, on vote un homme en politique tout en ayant claire conscience qu’il trompera ses votants. Mais il est néanmoins voté ! Un musicien du Bikutsi avait même d’ailleurs chanté qu’on devrait lui donner des cours de mathématiques et non des cours d’éthique !

Ensuite, l’accès à l’ascension sociale n’a pas tenu compte de la diversification des secteurs d’activité et de leurs compétences respectives. Autrement dit, on ne définit pas un plan de carrière dans plusieurs secteurs d’activité où les compétences évoluent au gré des conjonctures, sans encadrements institutionnelles ni régulation. La tendance est à la répression jusqu’à saturation. Voilà aussi ce qui explique en partie le mépris des conditions de vie des enseignants par l’ordre régnant et l’irrévérence des élèves vis-à-vis des enseignants. Pourtant, le corps enseignant est le corps de métier le plus résilient au Cameroun. D’où le mouvement actuel OTS (On a trop supporté). L’un des sujets mis en débat sur www.affocom.com depuis plusieurs mois concerne la situation des enseignants au Cameroun…

Il faut désormais penser une école de la sagesse selon une crisologie préventive et curative. Mais surtout arrêter la condescendance des administratifs en charge des finances de l’Etat. Car, il s’agit bien de gérer les crises locales pour des lendemains meilleurs.

Alain Cyr Pangop, crisologue

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