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Pr. Jean Bahebeck et Dr. Fridolin Nke à Dschang : « La transformation et le développement personnel de chaque citoyen Africain : Pourquoi ? Où ? Comment ? Et quand ? »

4 Mar

Pr. Jean Bahebeck et Dr. Fridolin Nke à Dschang : « La transformation et le développement personnel de chaque citoyen Africain : Pourquoi ? Où ? Comment ? Et quand ? »

La salle Manu Dibango de l’Alliance Franco Camerounaise de Dschang a accueilli une grande conférence animée par le Pr. Jean Bahebeck et le Dr. Fridolin Nke ce mercredi 3 mars 2021 sous le thème : « La transformation et le développement personnel de chaque citoyen Africain : pourquoi ? Où ? Comment ? Et quand ? ». Dr. Ange Menzepo était à la modération Le point.

C’était une tribune offerte au Pr. Bahebeck et le Dr. Nke de promener l’auditoire à travers leurs expériences personnelles, mais aussi professionnelles afin de le mettre au-devant des réalités de notre contemporanéité crisique. Si l’on pouvait d’emblée s’imaginer, fort de l’appartenance non reniée au parti de l’UPC du professeur, qu’il y aurait derrière cette conférence quelque mission politique, l’occasion a été offerte à l’hôte de marque et naturellement son compagnon de route et de misère, qu’est le Dr. Fridolin Nke, de rappeler que cette rencontre s’inscrivait dans le cadre d’une messe du savoir et du développement personnel. Précision légitime eut égard au thème retenu : « La transformation et le développement personnel de chaque citoyen Africain : pourquoi ? Où ? Comment ? Et quand ? »

Cette grande messe du savoir débutée à 16h dans une salle Manu Dibango, incapable de contenir un auditoire sorti sans se faire prier et obligé pour beaucoup d’occuper les chaises disposées à l’extérieur, dans le respect des mesures barrières, les conférenciers ont développé un propos situé bien dans l’idéologie de L’urgence de la pensée du professeur Maurice Kamto. Cette idéologie a battu en brèche toute politique de l’intimidation et de la peur pour préconiser une autre de l’action et de la pro-activité possible à travers une pratique régulière de la lecture et de la veille informationnelle et scientifique. Parlant justement de cette action, le Dr. Nke se définira comme un philosophe de la destruction. Destruction non pas au sens de brûler des voitures ou de tout mettre à feu et à sang, mais destruction au sens de Descartes qui prônait en son temps une philosophie de la remise en question et de la tabula rasa. Pour le Dr. Nke, si les piliers sont pourris, il importe bien de les détruire pour construire autre chose à partir de jalons nouveaux. « Il est inadmissible, ce qui se passe dans ce pays actuellement. Il faut dire aux gens de Paul Biya que le pays ne leur appartient pas ! » scande Fridolin Nke à un moment de son propos, en rapport avec la crise du NOSO.

Sois le bon apprenant pour devenir le bon artisan !

Refusant de plonger les participants dans une rêverie digne de celle d’un promeneur solitaire qui se laisserait bercer par les douceurs de la poésie, Bahebeck et Nke rassurent avec une certaine véhémence qu’ils ne sont pas venus à Dschang dire aux populations qu’il y aurait une alternance au pouvoir de Yaoundé dans les jours suivants, encore moins que la transparence se ferait l’invité de marque des échéances électorales prochaines. Leur projet ultime a été et restera encore la quête des moyens de mettre fin à la spoliation tous azimuts des droits des Camerounais, ce, en leur ouvrant l’esprit à travers une initiation aux clés de la transformation et du développement personnel.

Mais cette transformation ne saurait se faire qu’à travers l’identification de la source de notre misère, la proposition de quelques clés pour aider le négro-africain à faire face aux multiples problèmes qui sont les siens et qu’il rencontre aussi bien en Afrique, en Europe qu’aux Etats Unis et même en Asie. Ainsi, le professeur énoncera les clés utiles à cela :

Des clés pour un changement de paradigme

Le Pr. Bahebeck dans son propos met un point d’honneur sur l’organisation et la reconnaissance du réel de l’Africain. L’organisation ne pouvant fonctionner que si tout en reconnaissant que l’on a faim et que l’on fait face à des problèmes divers, l’on décidait de travailler à résorber les problèmes communautaires qui font que l’on développe de la haine contre sa propre Nation duquel on voudrait partir pour échapper à un enfer ou pour un paradis.

Il importe de quitter les schèmes d’emprunt qui font miroiter une certaine béatitude dans l’ailleurs et le fonctionnariat pour ne plus penser que par l’entrepreneuriat. Il faut reconnaître que l’Afrique a une civilisation et est même comme le montre Anta Diop, la plus ancienne : le savoir serait bénéfique pour la jeunesse et le projet panafricain qui reste l’idéal à atteindre. La jeunesse doit laisser la quête des diplômes exclusivement pour se jeter dans la conquête des compétences pouvant lui permettre de s’auto-employer, car au finish, c’est la démultiplication des sources de revenus qui libère. Il a rappelé que comme dans son cas, on pourrait être amené à perdre son travail sur un coup de tête si l’on en a. A ce moment, seuls les jobs aideraient à survivre, comme il le fait depuis quatre ans à travers sa palmeraies ; lui qui est pourtant médecin et universitaire et qui a été suspendu, selon lui sans fondement logique.

Connais-toi d’abord

Avant d’en arriver au changement véritable, il importe de se connaître à travers ce qu’il a appelé une comptabilité de soi. Cela passe par une comptabilité de ses atouts et une comptabilité de ses limites. Ce n’est qu’avec cela que l’on peut vivre, au sens de Spinoza, sur les idées de qui il a tissé son allocution, qui trouve que la vie n’a pas de sens si l’on n’a pas de joie. Le processus de la connaissance de soi : il faut savoir qui l’on est, faire la comptabilité de soi, maîtriser ses atouts pour les valoriser et ses faiblesses pour les corriger, ceci car chacun de nous n’a qu’un peu du nécessaire collectif et ce n’est qu’en se connaissant qu’on peut convenablement aider la communauté à avoir le tout nécessaire.

« On nous ment en disant de ne pas poursuivre deux lièvres à la fois ! »

Bahebeck rappelle son expérience suisse et fait comprendre que là-bas l’on ne vit bien qu’avec des piliers, entendez le deuxième, voire troisième job. Alors, il faut se débarrasser de la pensée non fondée qui dit qu’il ne faut pas poursuivre deux lièvres à la fois, car selon lui, nous le faisons tous les jours. Le problème est juste de trouver le bon lièvre et le tour sera joué. Il faut se discipliner, et prioriser l’apprentissage de tout et bien. Bahebeck cite Rousseau qui devait jouer au cabaret le soir pour compléter ses revenus et invite les uns et les autres à ne rien minimiser tant qu’ils peuvent en apprendre. Si vous achetez un taxi, soyez capable de le conduire au moins les weekends pour en apprendre les rouages trouve-t-il, « Sinon on va vous rouler. » finit-il avec son humour habituel. Pour ponctuer cette analyse, il convoque Einstein pour qui : « La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste [n’étant] que de l’information »

« On m’a attaché au village » ou le blocage neurolinguistique

Le professeur Bahebeck met en garde les jeunes sur la faiblesse des affirmations négatives sur soi, sur la force de la parole dans l’accomplissement de soi. Il faut écarter les pensées et les paroles comme « on m’a attaché au village » ; « je suis maudit ». Il importe de se tolérer, se réinventer chaque jour en s’unissant aux autres et surtout en étant poli et attentionné. Une parole comme « ça va bien papa ? » ou encore « ça va aller hein ma sœur », dans l’accent qui est le nôtre peut suffire à redonner courage et relancer. Il faut travailler ses limites, se discipliner, se développer personnellement pour soutenir sa famille, son groupement, sa commune, sa région, son pays et au final le grand projet panafricain.

Utilise ton pouvoir pour servir

L’une des marches à franchir est celle du développement du prestige de service. Il faut utiliser son pouvoir pour servir et non le faire pour détruire et abuser de tous. Mais cela demande une probité morale que seule une transformation de soi peut apporter et faciliter.

Fais ton travail de transformation maintenant

Pour y parvenir, il faut adhérer au projet, former des groupes si nécessaire pour se faire accompagner, faire des fiches de comptabilité de soi : talents, formations et limites ; recourir à une aide à travers un coach. Tout cela doit commencer maintenant et continuer sans le relâchement.

Le chantier est grand comme on a pu le voir dans les propos du Pr. Bahebeck et de son compagnon de route et de galère le Dr. Nke. Il est pratiquement 21h quand les deux quittent l’Alliance, non sans promettre leur disponibilité pour les autres instances d’échange et de savoir.

Preston Kambou