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Table –ronde à Bapa dans l’Ouest Cameroun  : « COMMENT TROUVER UN EQUILIBRE ENTRE PRESERVATION DE LA CULTURE AFRICAINE ET NÉCESSITÉ D’OUVERTURE SUR LE MONDE ? »

16 Avr

Table –ronde à Bapa dans l’Ouest Cameroun  : « COMMENT TROUVER UN EQUILIBRE ENTRE PRESERVATION DE LA CULTURE AFRICAINE ET NÉCESSITÉ D’OUVERTURE SUR LE MONDE ? »

 La chefferie Bapa a abrité dimanche 28 janvier 2024 une table ronde sous le thème : comment trouver un équilibre entre préservation de la culture africaine et nécessité de s’ouvrir sur le monde ?

Sous la modération de Yann Lorvo, président de l’Institut Français du Cameroun, l’échange a eu l’intervention de panelistes camerounais et étrangers tels que Damien Deville, géographe et auteur, chercheur à l’UMR Médiations, La Sorbonne Paris 1; Mutt-Lon, écrivain; Alain Georges LIETBOUO, journaliste spécialisé sur les questions agricoles; le Pr. BINGONO BINGONO, anthropologue et Le Philosophe …

Contribuer soi-même : une thématique qui touche tous les acteurs du développement

François BINGONO BINGONO a mis en relief dans sa prise de parole, le rôle que joue la spiritualité africaine dans le devenir de l’Afrique à travers la métaphore de l’arbre qui se développe à partir de ses racines. Des mouvements de retours qui s’opèrent de plus en plus sur l’espace culturel africain (mouvements panafricanistes, kamites…), il se crée l’existence de deux Afriques : une tournée vers l’occident, vers la modernité et une autre tournée vers les traditions. Propos qui posent à coup sûr une réflexion importante sur la nécessité de différenciation entre les deux termes. Et qui amène à comprendre que quand les canons de la modernité ne marchent pas, un retour s’opère inexorablement : retour notamment vers le « village » au moyen des pratiques ancestrales ; l’exemple avec les moyens naturels-traditionnels de lutte contre la COVID19 où l’Afrique était attendue comme vaincue.

 Il est évident, grâce aux mouvements évoqués supra qu’une déconstruction est en marche. Afin qu’elle soit effective selon l’anthropologue et touche plus d’un africain, elle doit passer par la sensibilisation. En créant un espace de synthèse entre spiritualité et rencontres avec les autres.

Damien Deville se basera sur la géographie culturelle pour insister à la nécessité de rouvrir les archives africaines. Ceci, dans le but de faire comprendre que l’Afrique a toujours agi pour son affirmation. Les empires du Mali, du Kanem Bornou, Osu… ainsi que les actions de figures comme Mansa Mousa ou Yacouba Sawadogo bien avant notre ère sont autant d’exemples devant servir de tremplin à l’Africain contemporain, qui doit éviter de regarder la mondialisation comme une confrontation où elle doit s’uniformiser de gré ou de force. Mais concevoir que chacun porte en lui son propre univers. Ou selon les mots de Deville « placer la singularité au cœur du développement commun ».

Le journaliste Alain Georges LIETBOUO se positionne en faveur de la réappropriation de l’histoire africaine : comment positionne-t-on l’Afrique par rapport au monde ? En postulant que l’Afrique doit partir de la base pour arriver à une affirmation véritable, il en arrive à ce qu’il est une déconstruction urgente à opérer : la déconstruction structurelle qui appelle à l’Etat. Son rôle sur le plan pédagogique au travers des programmes scolaires et universitaires qui répondent aux besoins et aux contextes actuels de jeunes africains. De manière à trouver un équilibre à les positionner sans risque de choc lors de leur ouverture à l’ailleurs et de ce qu’il offre. Cet équilibre passe inévitablement par une déconstruction du complexe d’infériorité intellectuelle et socio-économique.

La valorisation du savoir être et du savoir-faire local « doit » constituer un facteur de mise en avant vers la production et la consommation. L’expert en agroécologie n’a pas manqué de promouvoir l’agroécologie par la mise en valeur des savoirs locaux (transformation des produits agricole : mil, sorgho, manioc, patate), en invitant chacun à une fierté de consommation de ces produits.

Le romancier camerounais Mutt-Lon auteur des romans à succès Ceux qui Sortent dans la Nuit (prix Ahmadou Kourouma 2014) et Les 700 aveugles de Bafia a apporté à l’échange le point de vue de la littérature. Pour lui en effet, le legs ancestral est le matériau de base vers l’affirmation de soi. L’auteur met en relief dans l’intrigue de Ceux qui sortent dans la nuit un personnage qui rentre dans l’histoire de ses ancêtres deux siècles avant son ère ; c’est-à-dire une Afrique de l’époque avant le contact avec l’occident. Notamment la traite des esclaves et la colonisation qui viendra changer le cours de son histoire.

Puiser dans le legs ancestral pour s’en servir aujourd’hui est une voie sûre vers une déconstruction de l’invisible. Clairement, Mutt-Lon invite chaque africain à ne plus voir en l’héritage ancestral (pratiques coutumières) des faits mystiques ou simplement de la sorcellerie. En concevant que comme il est scientifique d’appuyer sur un interrupteur pour avoir de l’électricité, qu’il est tout autant possible de ronger l’intérieur d’une papaye sans la couper, sans la toucher. La marche vers la quête de la déconstruction doit inclure la revitalisation des valeurs en y tirant ce qui est susceptible d’aider les africains. Et en faisant taire les mentalités superstitieuses pour ne citer que ça. La lecture de ces deux ouvrages contribuera sans doute selon son auteur à changer le paradigme de perception de l’Afrique par les africains.

Le philosophe …. Invitera les africains à ne pas se plonger aveuglement dans les traditions africaines, mais à avoir un rapport critique avec cette dernière. L’identité est-elle figée ? Une construction ou un substrat ? Cette problématique de l’équilibre entre identité et tradition, constitue une réflexion à mener par tout un chacun dans un monde où les cultures tendent à être uniformisées. La philosophie invite ainsi à la déconstruction de la victimisation de l’Afrique et de certains africains qui se plaisent encore à divulguer des mentalités réfractaires face au passé colonial pas pour le moins innocent. Pour arriver à un avancement objectif vers le développement socio-économique et infrastructurel de l’Afrique, il apparait capital d’opérer un dépassement avec l’histoire. En y ressortant de quoi se positionner de façon avisée au monde et à ses ouvertures. Ou selon un regard plus philosophique avoir une « disponibilité logique face à un certain environnement ».

Une initiative participative

Autour d’échanges avec le panel diversifié, l’interaction avec un public intéressé à plus d’un titre n’a pas manqué de ponctuer ces moments d’enseignement et d’appel à méditation.

Le mot de fin du chef Bapa accompagné du chef Banenkop et du chef Bangoua sera de l’eau ajouté au moulin des différents intervenants. L’équilibre entre préservation de l’africanité passe par la construction d’un monde dans lequel chacun selon sa réalité a sa place va-t-il soutenir.

L’ouverture au monde n’est pas l’occasion de se nier, elle est au contraire le moment de montrer ce qu’on est sans toutefois altérer l’autre dans sa différence. Ainsi, « devrait » être la posture de tout africain qui défend avec une grande fierté son authenticité.

Cette table ronde a été l’initiative de l’Institut Français du Cameroun. Elle est réalisée en partenariat avec Agir Pour le Vivant, une plateforme d’échange et de partage engagée sur les questions artistiques et littéraires en Afrique et dans le monde. C’est un programme qui s’est déroulé du 19 janvier au 04 février 2024 avec pour lignes de faille les débats, rencontres, résidences, cinéma et ateliers. La Nuit des Idées s’est tenue dans les localités comme Yaoundé, Bapa, Douala et Garoua.

La présence d’acteurs culturelles nationaux et internationaux a participé à faire valoir la riche expérience que les cultures du monde ont en commun, et à œuvrer vers une démarche engageante à la promotion des savoirs et avoirs patrimoniaux pour l’Africain d’aujourd’hui.

                                            Dominique GNINTELAP, Rapporteuse

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