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Transformer l’Afrique par la connaissance

1 Avr

Transformer l’Afrique par la connaissance

Le Humboldt Kolleg organisé au Campus 2 de l’Université de Douala (Cameroun) du 26 au 28 mars 2025, a réuni chercheurs seniors et juniors de plusieurs pays, enseignants et étudiants, société civile et décideurs politiques autour d’une vision principale : « Transformer l’Afrique par la connaissance » (« Transforming Africa through knowledge« ). Divers panels multi- et interdisciplinaires se sont succédés pendant les trois jours qu’a duré ce colloque pour examiner et mettre en lumière les stratégies et mécanismes pour faire des savoirs endogènes couplés à la connaissance scientifique acquise des outils pratiques ou supports d’un développement africain holistique tangible (technologique, médicinal, culturel, identitaire, environnemental, etc.). Le présent compte-rendu revient succinctement sur les sessions et temps forts ayant meublé l’ordre du jour de cette activité intellectuelle fort élitiste.

Après l’accueil et l’enregistrement des participants dans la matinée du 26 mars, s’en est suivi dès 10 heures 35 minutes un ensemble de quatre (04) allocutions modérées avec soin par le Prof. Dr. Alain Cyr PANGOP, coopté pour la circonstance comme maître de cérémonie.

Dans la première, le président du comité d’organisation locale, le Prof. Dr. Alain Bertrand DONGMO, remercie les participants venant de diverses institutions nationales et internationales, ainsi que la Fondation Humboldt et les organismes allemands qui ont fortement appuyé l’organisation de l’évènement. Il clarifie aussi la nature multidimensionnelle et multidisciplinaire du thème autour duquel sont réunis les chercheurs et experts de divers domaines pour discuter du progrès pluridimensionnel de l’Afrique qui passe inéluctablement par diverses formes de savoirs/connaissances acquis par l’éducation (in)formelle, par l’entrepreneuriat et par l’adaptation des solutions scientifiques au contexte africain avec tous ses défis.

La deuxième allocution est celle de l’Alexander von Humboldt Foundation (AvH), représenté au Cameroun par le Prof. Dr. Gratien ATINDOGBE. Son propos se résume en la congratulation de l’orateur précédent pour l’organisation et en la célébration de la fondation dont il est l’un des ambassadeurs scientifiques, pour sa générosité et sa disponibilité à accompagner les universitaires par des bourses postdoctorales et des financements de la recherche en Afrique.

Représentant « indirectement » l’Ambassade d’Allemagne au Cameroun, M. Matthias DONFOUET prend la parole en troisième position pour assurer la collaboration de cette dernière à tout projet de science et d’innovation malgré la conjoncture européenne actuelle.

La dernière allocution, au nom du Professeur Magloire ONDOA, Recteur de l’Université abritant l’évènement, est faite par le Professeur Joseph Marchand DIKA MANGA, vice-recteur chargé de la recherche, de la coopération et des relations avec le monde des entreprises. Ce dernier, tout en justifiant à sa manière la tenue d’une telle conférence dans la ville la plus industrialisée du Cameroun (Douala), souhaite la bienvenue dans l’institution haute et déclare officiellement ouverts les travaux du Humboldt 2025.

Le Prof. Dr. Léopold LEHMAN (chair) introduit le Prof. Dr. Albert GOUAFFO pour la leçon inaugurale de la conférence intitulée « Restituer les savoirs patrimoniaux à l’Afrique pour un nouveau départ : à propos du savoir et le développement ». Dans ce propos liminaire qui dure une quarantaine de minutes, le chercheur fait des déclarations fortes au sujet du savoir et du développement qu’il ne manquera pas de justifier tout au long de sa leçon. Il déclare : « Les savoirs et le développement sont intimement liés […] La quantité de savoir ne garantit pas nécessairement le développement […] Il existe des savoirs inutiles, c’est-à-dire des savoirs inadaptés aux besoins locaux immédiats ». En répondant principalement à la question de savoir « de quels savoirs les Africains ont-ils besoin pour leur développement », l’orateur fait la chronique d’une spoliation des savoirs patrimoniaux indispensables à l’armement moral et cultu(r)el et au décollage de l’Afrique. Il conclut sur la nécessité d’une restitution du patrimoine ancestral spolié pendant la colonisation. L’Afrique a besoin de renouer avec son passé et découvrir son génie ignoré par les jeunes Africains mais révélé au travers de son héritage culturel légué par les ancêtres. Ce ressourcement culturel et historique permettra d’inventer des nouvelles formes de développement adapté à l’environnement immédiat des sociétés. Cette leçon inaugurale a, d’une certaine manière, eu des résonances sur l’ensemble des communications qui ont suivi.

Cette partie introductive qui se tient en présence des journalistes nationaux se ferme sur une photo de famille et un cocktail bien garni avant les débats en différentes sessions.

On a, au total, cinq (05) sessions plénières reparties sur les trois jours (2-2-1), deux (02) sessions parallèles et un (01) moment de communication au jour 2et une (01) table ronde en ateliers parallèles au jour 3. Les plénières sont essentiellement consacrées aux chercheurs seniors, pour la plupart anciens pensionnaires (alumni) de l’AvH.

La session plénière 1, présidée par Prof. Dr. Gratien ATINDOGBE (Chair) et Prof. Dr.  Elias N. NUKENINE est meublée par quatre interventions ayant en commun l’idée d’une « industrialisation des savoirs » pour la transformation et la compétitivité de l’Afrique. Les diverses interventions et débats donnent de retenir que le développement durable de l’Afrique nécessite de rompre avec les paradigmes traditionnels et de favoriser une culture de l’innovation et de la pensée critique, en conciliant les systèmes de savoirs endogènes et modernes, en s’inspirant du passé pour comprendre le présent et penser le futur, en respectant l’environnement et la biodiversité ainsi que l’existence des autres peuples et cultures. En tous cas, c’est ce qui ressort des communications des Prof Dr Télesphore B. NGUELEFACK “Knowledge Transformation for Africa’s Development: Thinking Out of the Box”, Prof Dr Alain Cyr PANGOP «L’industrialisation des savoirs endogènes entre culture et modernité »/ The industrialization of endogenous knowledge between culture and modernity », Prof Dr Tanja STRAKA « Urbanization Biodiversity in a Changing World: Challenges and Opportunities, Prof. Dr. Godfrey B. TANGWA “The European industrial revolution, technology, and Africa’s situation”

Présidée par Prof. Dr. Bruno N. LENTA et Prof. Dr. Elvine MBUYO, la plénière 2 regroupe aussi quatre communications thématisées « Impact des savoirs traditionnels sur le développement ». On y comprend que les savoirs ethno-médicinaux et ethno-vétérinaires peuvent être étudiés, modernisés et capitalisés par la recherche scientifique pour le développement sanitaire et médical de l’Afrique.

Le jour 2 du jeudi 27 mars 2025 est marqué par les sessions plénières 3 et 4, des sessions parallèles et des communications marketing. En effet, « Cultures et développement » est le thème qui semble fédérer les interventions de la session plénière 3, modérée par Prof. Dr. Albert GOUAFFO et Prof. Dr. Constantin T. SONKWE. Les intervenants ici (04), pour la plupart, examine l’impact de la littérature, des langues et cultures (étrangères et locales en contact) sur la socialisation du savoir et la reconstruction d’une identité africaine originale, toutes nécessaires pour impulser le développement sur les aspects mentaux, (inter)culturels et même territoriaux et matériels.

Prof. Dr. Eunice NGONGKUM et Prof. Dr. Rosemary K. TONDJOCK régentent la session 4, qui est un varia thématique avec six communications abordant la transformation de l’Afrique sous le prisme des découvertes biologiques, mathématiques, culturelles, agronomiques et géologiques.

Prof. Dr. Eunice NGONGKUM et Prof. Dr. Rosemary K. TONDJOCK régentent la session 4, qui est un varia thématique avec six communications abordant la transformation de l’Afrique sous le prisme des découvertes biologiques, mathématiques, culturelles, agronomiques et géologiques.

Le troisième et dernier jour connait trois temps forts.

La session plénière 5, dernière du genre, est marquée par trois (03) communications modérées par le Prof. Dr. Aloysius NGEFAC et Prof. Dr. Nicolas NIEMENAK.  Les intervenants s’intéressent, de part et d’autre, à la contribution de l’informatique (IA) à la sécurité routière, de la génétique à la préservation de la biodiversité et de santé humaine, etc.

La table ronde finale est animée par Prof. Dr. Alain Cyr PANGOP KAMENI qui fait constituer trois ateliers de discussions à qui il assigne trois sujets distincts devant conduire à des propositions de stratégies pratiques devant amener les Humboldtiens à passer de la théorie à la pratique, des connaissances acquises à leur opérationnalisation par divers acteurs (scientifiques, académiciens, société civile, décideurs, etc.). Les diverses propositions incluent, entre autres, le recalibrage des programmes éducatifs dans la perspective holistique du développement envisagé pour l’Afrique, la mise sur pied des projets de recherche trans- et interdisciplinaires, l’investissement national dans la recherche, la prise en compte des contextes et des cultures dans les projets développement, le travail main dans la main entre chercheurs, décideurs et populations, la communication et la vulgarisation des résultats de la recherche, la promotion de l’entrepreneuriat, la promotion des valeurs morales et éthiques, etc. Toutes ces recommandations devront ensuite être formulées sous la forme d’un policy brief qu’on adressera aux instances décisionnelles diverses dans un bref délai qui reste à préciser pour plus d’efficacité.

De même qu’à l’ouverture, un ensemble d’allocutions (trois cette fois-ci) meuble la cérémonie de clôture. Tour à tour interviennent le président de l’organisation locale, le représentant camerounais de l’AvH et le représentant du Recteur de l’université hôte pour dire des mots de fin consistant essentiellement en des remerciements et souhaits à l’endroit des participants et en la déclaration officielle de clôture du colloque. Il est particulièrement remarqué et signalé le taux inédit de participations, la qualité des communications des différents chercheurs (seniors et juniors) et l’excellent soin mis sur les commodités des invités (logement, transport et restauration), avant que ne soit déclaré clos le Humboldt Kolleg-Douala 2025 par le Professeur Dieudonné MASSOMA LEMBE, Chef de Département de Biologie des Organismes Animaux, au nom de la Doyenne de la Faculté des Sciences et  du Recteur de l’Université de Douala ayant abrité l’évènement.

Le Humboldt Kolleg-Douala 2025 aura permis de réaliser davantage combien l’Afrique est remplie de riches savoirs endogènes que la connaissance scientifique permettrait de capitaliser et d’en faire le moyen d’une transformation positive contextuelle et de la compétitivité de ce continent sur le vaste marché mondial. Il aura surtout été question pour les Humboldtiens (senior scientists) et leur relève (junior scientists) de mettre en place des stratégies contextualisées pour transformer la connaissance acquise en un support concret pour un développement holistique tangible de l’Afrique, et partant, de l’homme Africain. Des discours d’ouverture aux discours de clôture en passant par la leçon inaugurale, les sessions plénières et parallèles et surtout la table ronde sous forme d’ateliers, toutes les communications et débats, au-delà des frontières disciplinaires, auront concouru à atteindre cet objectif. Enfin, le Humboldt 2025 aura également été un moment convivial où –dans un confort digne des efforts et sacrifices consentis au quotidien pour la science– chercheurs experts et jeunes partagent leurs expériences sans complexes, créent des réseaux pour les échanges et des projets multi-, trans- et interdisciplinaires devant permettre véritablement de  « transformer l’Afrique par la connaissance ».

Ramces TAKOUBO WOWINWO

Junior scientist du Pr. Dr. PANGOP, Université de Dschang,

ramces.takoubo@univ-dschang.org

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